Bien être et motivation au travail

Sens ou stabilité au travail : faut-il choisir ?

Face à une prise de conscience sociale en pleine expansion, le milieu professionnel pâtit des changements d’aspiration des collaborateurs et…

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« C’est seulement quand nous connaissons le sens de notre vie que nous pouvons découvrir le sens de notre travail. C’est notre volonté de sens, et non notre volonté de plaisir ou notre volonté de puissance, qui éclaire notre vie d’une vraie liberté. » Alex Pattakos

Face à une prise de conscience sociale en pleine expansion, le milieu professionnel pâtit des changements d’aspiration des collaborateurs et voit le taux de turnover augmenter tandis que les collaborateurs prennent des risques pour se réorienter dans un milieu professionnel qui leur ressemble. Dans l’article suivant, découvrez s’il faut réellement choisir entre stabilité professionnelle et sens au travail.

1) Comment peut-on définir ce qui donne du sens au travail ?

« Celui qui possède un ‘pourquoi’ qui le fait vivre peut supporter presque tous les ‘comment’. » – Friedrich Nietzsche (1844-1900)

La quête de sens est un concept complexe qui se manifeste de différentes façons pour chaque collaborateur. 

Chaque collaborateur a sa propre définition du sens au travail

Pour certaines personnes, il s’agit surtout d’exercer des tâches au quotidien qui contribuent à développer le sentiment d’accomplissement personnel, qui donnent le sentiment d’être utile. Pour d’autres, il s’agit d’accomplir un travail qui a un impact sur la société, qui œuvre pour le collectif, qui se met au service des autres et valorise la solidarité. Enfin il y a des collaborateurs qui considèrent que ce qui donne le plus de sens à leur travail, c’est qu’il n’empiète pas sur leur vie privée. La valeur « travail » est mise au second plan, c’est un moyen de régler les factures mais ce n’est pas une priorité par rapport à sa vie personnelle. 

Ce qui donne du sens à notre travail, c’est ce qui nous anime intérieurement : est-ce que l’on cherche à se positionner professionnellement ? Est-ce que l’on cherche à se rendre utile à la société ? Est-ce que l’on souhaite appartenir à un groupe social (l’entreprise)  ?

Il existe donc autant de réponse à ces questions qu’il y a d’individus dans l’entreprise ce qui rend la généralisation du sens au travail complexe.

L’entreprise peut offrir plus qu’un environnement professionnel stable

La quête de sens se manifeste également à travers les valeurs représentées par l’entreprise pour laquelle on travaille. Si l’entreprise a un impact social, si l’on s’identifie à ses valeurs, si elle met l’humain au cœur de sa stratégie sociale, si elle considère qu’une partie de son chiffre d’affaires doit être réinvestie dans des projets caritatifs, si elle met en place des actions pour favoriser le développement durable, alors chaque collaborateur est susceptible de trouver du sens à son travail indépendamment de ses aspirations personnelles.

Ce n’est qu’à partir de moment où l’on comprend ce qui donne du sens au travail que l’on peut mettre en place des actions aux niveaux individuel et collectif pour donner plus de sens. Et dans ce cas, il ne s’agit plus de devoir choisir entre sens et stabilité, il s’agit de créer un contexte favorable pour manifester les deux principes.

2) À qui revient la responsabilité de donner du sens au travail  ?

Une femme de ménage m’expliquera qu’elle doit travailler plus vite, nettoyer des surfaces plus grandes avec moins de produits ménagers, qui plus est de moins bonne qualité car moins chersMarielle Dumortier, médecin du travail et auteur de l’ouvrage Le monde du travail est devenu fou

Le collaborateur a la liberté de choisir son avenir professionnel

Quand un collaborateur ne se reconnaît pas dans l’entreprise pour laquelle il travaille il est libre d’établir un plan d’action pour donner plus de sens à son travail. Il peut soit démissionner, changer de carrière, faire des formations pour aller vers un nouveau domaine professionnel. Mais ces choix ne sont pas à l’avantage de l’entreprise qui souffre alors d’un problème de turnover, qui rencontre des difficultés pour fidéliser ses salariés. 

De plus, la reconversion n’est pas systématiquement synonyme de réussite. Il y a parfois un dur retour à la réalité quand on réalise que l’on a rêvé un métier et que le quotidien est bien moins satisfaisant.

Il faut également accepter de prendre des risques, il est parfois nécessaire de faire des sacrifices au niveau du salaire, il faut accepter de retourner « à l’école », de passer par des périodes de formation. C’est une démarche individuelle qui demande du courage et tout le monde n’est pas prêt à sauter le pas.

Enfin, certains collaborateurs qui changent de travail tiennent parfois le discours suivant : « j’aime mon travail, mais j’en ai marre ». Ce qui révèle que parfois le problème, ce n’est pas le travail que l’on exerce qui a perdu son sens, mais plutôt la façon selon laquelle on nous demande de l’exercer, à l’image des agriculteurs qui croulent sous les documents administratifs à remplir au lieu d’avoir du temps pour s’occuper de leurs bêtes.

L’entreprise définit l’organisation du travail

Avec l’industrialisation, l’héritage du fordisme, la mondialisation qui conduit à aller chercher toujours plus de clients, le milieu du travail souffre parfois d’un problème de déshumanisation et c’est ce qui lui fait perdre tout son sens. Il faut traiter toujours plus de dossiers, passer tant d’appels par jour, prendre ses pauses à telle heure, elles sont minutées, il faut faire du chiffre pour être reconnu comme compétent, il faut viser la satisfaction client à 100 %. Les collaborateurs font des burn-out parce qu’ils croulent sous les process et sont observés à la loupe !

Et l’on constate également que même dans les professions qui sont à la base des vocations, il y a du turnover : les infirmiers et les infirmières manifestent contre leurs conditions de travail ou les aides-soignants se plaignent du nombre de patients dont ils doivent s’occuper en un temps restreint. Et c’est là que l’on réalise que ce qui crée la perte de sens, c’est l’organisation du travail plutôt que le travail en lui-même ! L’entreprise a donc toute sa responsabilité dans cette quête de sens au travail pour fournir un cadre professionnel qui donne à la fois du sens et assure une stabilité.

L’entreprise crée le cadre qui donne du sens au travail

La question à se poser n’est donc pas de savoir s’il faut choisir entre sens ou stabilité au travail. La question réelle à se poser est la suivante : est-ce que l’entreprise crée un environnement professionnel qui donne suffisamment de place aux aspirations des collaborateurs pour qu’ils trouvent du sens dans leur travail ? Avec l’entretien annuel, avec les CSE, avec les enquêtes de QVT, l’entreprise dispose des outils pour comprendre ce qui donne du sens au travail de chaque collaborateur et s’en inspirer pour créer un cadre professionnel favorable. C’est un levier de fidélisation et d’engagement des collaborateurs. Car la quête du sens au travail relève aussi bien de la responsabilité individuelle que de celle de l’entreprise.

Crédit photo :   depositphotos.com

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.