Conseils Recrutement

Pourquoi certaines entreprises sont-elles encore frileuses à recruter des alternants ?

Selon un article paru dans Les Echos, 52% des jeunes en recherche d’alternance ou d’apprentissage en 2016 n’ont pas réussi…

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Selon un article paru dans Les Echos, 52% des jeunes en recherche d’alternance ou d’apprentissage en 2016 n’ont pas réussi à trouver une structure pour les embaucher !

L’alternance, l’apprentissage ou encore « le contrat de professionnalisation » présentent de nombreux avantages, pour les étudiants mais aussi pour les entreprises. Ces dispositifs permettent à des étudiants, souvent en fin d’études, de se former directement au sein d’une entreprise, tout en suivant un cursus universitaire financé par la structure qui les accueille.

La période de « professionnalisation » offre aux étudiants la possibilité de valoriser leur parcours grâce à une expérience professionnelle plus conséquente, déterminante lors de leur entrée sur le marché de l’emploi. L’accès au premier emploi peut s’avérer plus ou moins difficile pour des jeunes diplômés à qui l’on demande de plus en plus d’avoir déjà « de l’expérience en entreprise ».

Dans ce contexte, l’alternance constitue une voie intéressante pour des étudiants souhaitant mettre toutes les chances de leur côté en vue de leur prochaine insertion professionnelle.

Cependant, malgré le développement des politiques publiques incitatives en faveur de l’alternance, certaines entreprises restent encore réticentes à embaucher des alternants ou apprentis. Dans cet article, retour sur les raisons qui peuvent pousser les sociétés à ne pas recruter d’alternants, mais aussi sur les avantages que ce mode d’apprentissage, et d’intégration de salariés, peut représenter !

1) Le constat sur le recrutement des alternants

Selon une enquête publiée par RégionsJob, 68% des alternants ont jugé que trouver une entreprise était la difficulté la plus importante qu’ils aient rencontré dans le cadre de leurs études !

Souvent présentée comme « la voie royale » pour trouver un premier emploi plus facilement, ce système alliant études et travail fait chaque année des milliers de déçus. En effet, un grand nombre de jeunes ne peuvent finalement pas suivre leur année d’études alternée n’ayant pas réussi à trouver une entreprise d’accueil. Faute d’avoir trouvé une entreprise, ils ne peuvent donc pas financer leur cursus, souvent payant en école de commerce, d’ingénieur ou de management, et sont dans l’obligation de remettre en question leur choix d’études. Quand certains privilégieront de rejoindre un cursus classique, d’autres prendront une année sabbatique, voire arrêteront leur études faute de moyens pour les financer.

Toujours selon l’étude publiée par RégionsJob, 46% des étudiants mettent au minimum 3 mois pour trouver une entreprise d’accueil. Dans l’absolu, 78% des 14-26 ans estiment que la recherche d’entreprise est difficile, et cette proportion monte à 88% pour ceux qui ont plus de 45 ans ! En effet, l’alternance n’est pas uniquement dédiée aux profils âgés de moins de 26 ans. Dans le cadre d’un contrat de professionnalisation, les demandeurs d’emploi, plus âgés, peuvent également bénéficier de ce mode d’apprentissage. Cependant, à l’image d’une recherche d’emploi classique, l’âge ne permet pas de faciliter les recherches de contrat d’alternance.

Par ailleurs, toujours selon l’étude RégionsJob, l’école ne parviendrait pas à aider efficacement les personnes en recherche d’entreprise puisque selon cette enquête, seuls 15% des répondants ont pu trouver une structure grâce à leur centre de formation.

La difficulté de trouver une entreprise d’accueil est donc bien réelle, et peut mettre dans l’embarras des étudiants dont la poursuite des études dépend directement de la condition d’alternance « emploi/école ». Alors pourquoi certaines entreprises sont frileuses à l’idée de recruter des alternants ?

2) Comment expliquer un tel phénomène ?

Selon une enquête de l’EM Normandie, 95,8% des offres d’alternance proviennent de grandes entreprises !

Plusieurs raisons peuvent expliquer la relative difficulté des étudiants à trouver un contrat d’alternance au sein d’une entreprise. La première que l’on pourrait citer se situe au niveau de l’organisation même des études. Car en effet le principe fondamental d’un étudiant qui est sous contrat d’alternance consiste à suivre une formation théorique au sein de son école, et de se former par la pratique directement en entreprise en combinant les deux aspects.

Cela a pour conséquence évidente que l’alternant n’est jamais à temps plein au sein de la structure d’accueil, argument de présence mis en avant par certaines entreprises refusant de recruter des alternants. Les rythmes peuvent bien évidemment varier mais ce principe ne change pas. Par ailleurs, en fonction du rythme en question, certains étudiants peuvent se retrouver désavantager par rapport à d’autres. Ainsi, selon que les étudiants soient indisponibles toute une semaine, ou bien deux jours par semaine de façon systématique, des conflits avec le rythme d’une entreprise peuvent apparaître mettant en péril la réussite du projet.

Sur ce point les alternants peuvent ainsi être désavantagés comparativement aux étudiants pouvant être présents à temps plein en entreprise, comme par exemple les stagiaires en fin d’études ou en césure d’un an.

Autre problème que nous pouvons soulever au recrutement des alternants : la lourdeur administrative. En effet, il existe trois formes juridiques : le contrat de professionnalisation, le contrat d’apprentissage et le stage alterné. Chacune de ces formes dispose de spécificités que les entreprises doivent connaître si elles ne souhaitent pas enfreindre la loi. Cela demande donc de certaines connaissances RH et juridique en matière de droit du travail, ce qui n’est pas forcément à la portée des petites entreprises ou de patrons indépendants qui bien souvent ne connaissent pas également les aides relatives à l’embauche d’alternants.

3) Les avantages à recruter des alternants

Selon une étude réalisée en 2016 par Diplomeo, 85% des sondés considèrent l’alternance comme étant une réussite, et 29% d’entre eux en sortent même avec un CDI !

Tout d’abord, la société a l’occasion de former un futur collaborateur. L’entreprise peut tout à fait proposer à l’alternant un contrat de travail au sortir de sa période de formation. Ainsi, l’entreprise intégrera au sein de ses rangs un collaborateur déjà accoutumé à son monde de fonctionnement. Nul besoin de réaliser un onboarding approfondi dans la mesure où l’alternant aura déjà montré sa capacité à s’intégrer à votre structure et à votre culture d’entreprise.

Ensuite, la marque employeur est impactée positivement par des campagnes de recrutement d’alternants ou d’apprentis. L’alternance est une belle opportunité de mettre en avant une politique de recrutement favorisant l’accompagnement des nouvelles générations et de leur insertion professionnelle.

Les avantages ne manquent pas lorsqu’il s’agit de recruter un alternant, aussi bien pour lui que pour l’entreprise. De leur côté, les alternants y trouvent leur compte en se formant aussi bien théoriquement que dans la pratique. Pourtant trouver une entreprise pour nombre d’entre eux relève souvent du parcours du combattant, que cela soit pour des raisons d’organisation d’emploi du temps, ou bien de la difficulté administrative sous-jacente. Les entreprises ne doivent cependant pas passer à côté de cette occasion pour se développer et recruter plus facilement !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.