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L’alternance, meilleur canal de pré-recrutement ?

Selon une enquête de l’institut Viavoice 2017 pour la fondation INFA, 8 salariés sur 10 pensent que développer l’alternance est…

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Selon une enquête de l’institut Viavoice 2017 pour la fondation INFA, 8 salariés sur 10 pensent que développer l’alternance est une opportunité permettant d’intégrer de nouveaux profils et de nouvelles compétences au sein de l’entreprise !

Filière souvent qualifiée comme « voie d’excellence », l’alternance a de beaux jours devant elle en France. Quand on évoque l’alternance, on pense tout de suite à « insertion professionnelle ». En effet, ce mode de formation est particulièrement centré autour de l’expérience professionnelle : au plus tôt des études, l’étudiant est déjà en train de travailler. Ce n’est pas pour rien que ce type de formations est adulée : si l’on en croît une étude du Cereq, le taux de chômage à la sortie est généralement moins élevé que dans les voies scolaires dites « traditionnelles ». D’autre part, le contrat d’alternance peut représenter une belle opportunité pour une entreprise souhaitant élargir sa stratégie de recrutement. Généralement plus longue qu’un stage, la période d’apprentissage peut offrir bien des avantages à l’entreprise d’accueil, ce qui constitue une source très intéressante de potentiels nouveaux collaborateurs.

Dans cet article, retour sur les points forts d’une formation en alternance !

Alternance, apprentissage, professionnalisation, un petit tour d’horizon des termes

Près de 2 salariés sur 10 estiment qu’il faudrait renforcer l’information à destination des entreprises sur l’alternance !

L’alternance est différente de l’apprentissage ou du contrat de professionnalisation

Comme le mot « alternance » est souvent employé dans toutes les situations, il est bon de bien différencier tous les termes qui ne veulent pas dire la même chose :

  • L’alternance: D’après l’Onisep, « L’alternance au sens large du terme désigne un système de formation qui consiste à alterner des périodes d’enseignement théorique dans un établissement de formation et des périodes de mise en pratique en entreprise ». Il s’agit donc d’un terme général, et non juridique. Par exemple, une formation qui inclurait un volume important d’heures de stage entre ses cours pourrait être considérée comme de l’alternance.
  • L’apprentissage: Quand on parle d’alternance, on fait souvent référence en réalité à l’apprentissage. On parle plus particulièrement de contrat d’apprentissage. Il s’agit d’un type de contrat que peuvent signer les étudiants avec l’entreprise, et qui leur donne un vrai statut de salarié, contrairement au stage. L’étudiant doit d’abord trouver un organisme qui propose des formations en apprentissage. Une fois accepté, il doit ensuite trouver une entreprise d’accueil, comme s’il cherchait un véritable emploi.
  • Contrat d’apprentissage ou de professionnalisation ?: Si les deux sont de l’alternance, le premier est destiné aux étudiants de 16 à 25 ans en formation initiale, qui visent l’obtention d’un diplôme de l’enseignement professionnel. Le deuxième est également réservé aux jeunes de 16 à 25 ans, mais qui sont généralement sortis du système scolaire, et qui sont en formation continue.

L’alternance en France

Selon les chiffres de la DARES, 283 500 contrats d’apprentissage ont été signés dans les secteurs privé et public en 2015, soit une hausse de 1,3 % par rapport à l’année précédente !

Concentration des offres au sein des grandes entreprises

Qu’en est-il de l’apprentissage en France ? Un bref tour dans les données publiques nous permet de voir comment ce type de contrat est utilisé. Tout d’abord, le secteur privé est majoritaire dans l’utilisation de l’apprentissage. Le tertiaire, l’industrie et la construction sont d’ailleurs les trois secteurs qui recrutent le plus d’apprentis. A l’inverse, les secteurs recrutant le moins sont l’agriculture, l’esthétique, et l’hôtellerie-restauration. On observe également que plus le niveau de diplôme augmente, plus les contrats d’alternance se font dans de grandes entreprises. Par exemple, les apprentis détenteurs d’un Bac (ce qui constitue la moitié des contrats d’apprentissage) se tournent généralement davantage vers les entreprises de 50 salariés et plus.

Une autre étude de l’Agence Noir sur Blanc nous montre également le manque d’information dans le monde professionnel sur l’alternance, principalement au sein des petites entreprises (PME/TPE) : en effet, la quasi-totalité (95%) des contrats sont signés dans des entreprises de + de 5000 salariés. Pour expliquer ces chiffres, l’étude met en avant le fait que les entreprises se sentent peu informées sur l’alternance, et notamment sur ses avantages financiers. Pourtant, les entreprises en ont globalement un avis très positif, tout comme le montre l’enquête réalisée par l’institut Viavoice pour la fondation INFA en avril 2017 : 94% des salariés estiment que l’alternance permet d’être mieux préparé au monde de l’entreprise, et 64% d’entre eux estiment qu’elle offre une opportunité d’innovation pour l’entreprise. Cependant, sa complexité de mise en place, en particulier dans les petites structures est souvent mise en avant par les salariés interrogés, et le coût de la formation constitue l’un des freins majeurs à son utilisation.

En bref, le recours à cette filière est largement plébiscité en France, mais est réservé aux entreprises qui ont les moyens nécessaires à sa mise en place. En effet, tuteur, investissement dans la formation ainsi que coordination avec l’organisme de formation sont nécessaires pour garantir une expérience profitable à tous. Pourtant, cet investissement peut s’avérer payant pour l’entreprise, en particulier si celle-ci mise sur l’alternance comme source potentielle de recrutement…

Recruter en développant l’alternance ?

Pour 42% des salariés, les jeunes gagneraient davantage à développer une meilleure connaissance du monde de l’entreprise dans leur travail, ce que permet l’alternance !

Apprentis et alternants constituent des viviers pertinents de candidatures

Dans la lignée des alternatives aux méthodes de sourcing et de recrutement traditionnelles, développer l’alternance dans son entreprise peut être une stratégie de recrutement tout à fait intéressante dans certains cas. En premier lieu, cela peut constituer une nouvelle source de candidats, en particulier au sein de marchés désertés. En effet, selon une étude Diplomeo 2016, plus d’un jeune sur deux ne trouve pas de contrats d’alternance, faute d’offres sur le marché. Vous ne manquerez donc pas de trouver des candidats si vous proposez des contrats d’alternance. Certaines grandes entreprises n’hésitent d’ailleurs pas à investir massivement dans cette voie, et notamment pour les secteurs avec de faibles candidatures. Par exemple, la Société Générale a développé un véritable programme junior qui consiste en un lot d’avantages et de bénéfices dont les stagiaires, les volontaires en entreprise ainsi que les alternants peuvent bénéficier. Cela lui permet d’attirer davantage de futurs talents et ainsi de pallier la baisse progressive de candidatures visible dans le secteur de la banque.

Cependant, la véritable force de l’alternance est de pouvoir être utilisée comme une « période d’essai » beaucoup plus longue que dans les contrats classiques. L’entreprise ne s’engage pas sur un contrat à durée indéterminée, mais bénéfice tout de même d’une longue période pour évaluer le nouveau collaborateur, et décider de l’embaucher définitivement ou non par la suite. C’est là le véritable intérêt de l’alternance pour le recrutement : les capacités d’évolution et d’apprentissage de la personne sont beaucoup plus observables que lors d’une période d’essai classique ou d’un stage. Ces capacités sont parfois beaucoup plus appréciées et souhaitables par les entreprises que les compétences techniques. Par exemple, selon l’enquête des Besoins de Main d’œuvres (BMO) 2016 de Pole Emploi, jusqu’à 80% des petites entreprises (moins de 20 salariés) déclarent que les capacités d’adaptation font partie des 3 critères les plus importants chez un candidat.

L’alternance, tout comme les stages ou les autres contrats qui permettent aux étudiants de mettre un pied dans l’entreprise, est un bon moyen d’enrichir sa stratégie de recrutement, mais qui reste encore mal connu des entreprises en France, et notamment des plus petites. Pourtant, celles-ci gagneraient à développer la filière qui permet de sécuriser ses recrutements de par la longueur de l’expérience. Vous n’en saurez jamais plus sur un nouveau collaborateur et sur ses capacités d’évolution que lorsque vous l’engagerez d’abord en alternance !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.