Tendances RH

HPI dans le monde du travail : comment les manager ?

HPI. Trois lettres parfois mystérieuses pour les non-initiés qui sont aussi sujettes à de nombreux clichés et raccourcis sur ces…

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HPI. Trois lettres parfois mystérieuses pour les non-initiés qui sont aussi sujettes à de nombreux clichés et raccourcis sur ces hauts potentiels intellectuels. Si le cinéma et la télévision aiment les mettre en avant comme personnages qui détonnent dans un monde traditionnel, la réalité des HPI est bien plus nuancée. Le monde du travail nécessite d’intégrer des règles, des normes, et de garder une certaine distance, quitte à ne pas vouloir ou pouvoir résoudre un problème pour ne pas déranger. Dans ce grand théâtre qu’est l’entreprise, les HPI cherchent encore bien souvent leur place, alors qu’ils pourraient faire des miracles s’ils étaient mieux accompagnés, coachés et managés.

Tout savoir sur le HPI, le haut potentiel intellectuel

Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, 2,3% des enfants scolarisés sont considérés comme intellectuellement précoces. Ce potentiel intellectuel se caractérise par la capacité de raisonner de façon différente et souvent plus rapide. Or, ce qui pourrait sembler être un don s’accompagne souvent de difficultés à trouver sa place dans la société. S’il existe des ressources pour accompagner les enfants – et leurs parents – les choses sont bien différentes dans le monde du travail, car les HPI doivent faire face à des défis sur le plan social et émotionnel.

 

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Comme le confirment les études scientifiques, les HPI ne sont pas forcément plus intelligents, mais disposent d’une forme d’intelligence différente. Les chercheurs ont d’ailleurs identifié deux profils distincts :

  • Les HPI complexes : ils sont souvent plus impulsifs et disposent d’une capacité d’intuition développée. Très créatifs, ils peuvent avoir du mal à gérer leurs émotions en raison d’un décalage entre un intellect très mature et une sphère émotionnelle et relationnelle beaucoup plus fragile.
  • Les HPI laminaires : ils ont tendance à analyser constamment les situations, et sont constants, organisés et rationnels. 

En grandissant, les enfants HPI qui ne sont pas diagnostiqués ou bien accompagnés deviennent donc des adultes susceptibles de rencontrer des difficultés en matière de relations sociales et d’intégration. Or, dans le monde du travail, les managers ne sont pas encore suffisamment formés et informés sur la manière de travailler avec des HPI. 

Comment gérer les HPI dans le monde du travail ?

Si chaque cas est différent, le dénominateur commun des HPI est souvent sa capacité à compléter des tâches et des missions en un temps record. Une fois que c’est fait, ces personnes peuvent ensuite se disperser, tenter de vouloir aider les autres à tout prix, ou chercher à améliorer des méthodes et processus de travail qui ne dépendent pas forcément d’eux. Le monde du travail est très segmenté, et si l’entreprise n’est pas en mesure d’accommoder les HPI, ces derniers peuvent être malheureux, stressés, ou en situation de bore-out ou de burn-out. Comment dire à un collaborateur qu’il n’a pas à s’occuper d’un projet même s’il en a envie ? En voyant souvent l’intérêt supérieur, et en souhaitant faire progresser l’entreprise, l’initiative d’un salarié à haut potentiel peut être vue comme maladroite et mettre en danger les relations sociales à l’intérieur d’une organisation. 

Pour beaucoup de services RH ou de managers, la question du HPI ne se pose pas. Les règles, les normes et les principes de travail sont établis au niveau corporate et doivent donc s’appliquer à tous de la même manière. Ce fonctionnement, hérité des structures pyramidales traditionnelles, contribue à étouffer les HPI. Alors que ces derniers ont besoin d’autonomie, de transparence, et sont souvent curieux et touche-à-tout, l’entreprise les oblige à rentrer dans une case. 

Pour manager ces profils atypiques, il est déjà nécessaire de les identifier. Parfois, leur comportement est tellement évident, qu’ils sautent aux yeux des managers sensibilisés au sujet. Parfois, ils se cachent au sein des équipes, et il faut alors aller les chercher parmi :

  • Les salariés désengagés : c’est un collaborateur qui a perdu confiance. Il est psychologiquement détaché de son travail et de son entreprise, et n’investit ni énergie ni passion dans ses missions. Les raisons de ce manque de motivation peuvent être liées à un HPI qui a été ignoré, étouffé ou discriminé.
  • Les salariés en reconversion : ils peuvent rejoindre un service ou une entreprise suite à une erreur de parcours ou un mauvais aiguillage. Reconversion professionnelle, changement de secteur d’activité ou de poste… ce sont des indices qui peuvent indiquer un HPI.
  • Les anciens entrepreneurs : ce sont des salariés ayant créé une entreprise, qui ont échoué ou qui ont vendu leur société, et qui reviennent dans le giron du salariat pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes (raisons familiales, travail alimentaire, etc.).

Cela ne veut, bien sûr, pas dire que tous les salariés désengagés, en reconversion ou les anciens entrepreneurs sont forcément des HPI, mais il y a plus de chance qu’ils se retrouvent dans ces profils.

Pour manager les HPI, il faut accepter d’assouplir le cadre du travail, les processus et laisser leur créativité s’exprimer. En pensant différemment, ils peuvent apporter des idées nouvelles et des innovations. C’est par exemple le cas de l’entreprise HipipIN qui travaille à mieux intégrer les profils atypiques au sein des entreprises. Dans le monde de la cybersécurité, par exemple, une personne à haut potentiel à la capacité de voir les choses différemment de l’ingénieur qui ne fait que suivre des processus. Cela signifie des idées nouvelles et des visions innovantes pour faire bouger les lignes. 

Pour le manager, cela veut dire s’adapter aux codes des HPI et non l’inverse. En laissant de l’autonomie dans un cadre plus grand et moins formel, en adoptant un management structurant, mais moins directif, les entreprises donnent plus de marge de manœuvre à leurs équipes à haut potentiel. Limiter le micromanagement, les reportings permanents et les réunions sans fin constituent également une bonne méthode pour aider les HPI à s’épanouir dans le monde du travail.

Quelles solutions pour les HPI dans le monde du travail ?

Sortir de la norme n’est jamais facile à accepter, en particulier dans un pays comme la France où tout est souvent très cadré, et où la question de la confiance entre managers et collaborateurs est un sujet sensible. Pour les HPI dans le monde du travail, il existe trois grandes solutions qui peuvent être mises en place :

  • Faire un travail de fond pour acculturer le management aux HPI et mettre en place des programmes dédiés avec des managers formés au sujet et aux défis rencontrés.
  • Faire vivre des expériences internationales dans des pays aux cultures de travail différentes afin que des HPI puissent découvrir d’autres manières de voir les choses. C’est notamment possible si votre organisation dispose d’une présence à l’international, soit en propre, soit par des filiales, business-unit ou joint-venture.
  • Développer un programme d’intrapreneuriat afin de promouvoir l’innovation. Le but est d’exfiltrer une équipe capable de travailler sur une idée à temps plein avec un budget dédié, dans un cadre déconnecté de l’entreprise. On peut ainsi citer l’exemple de Google qui est connue pour laisser du temps à ses salariés afin qu’ils puissent travailler sur des projets personnels, en lien ou non avec leur mission professionnelle. Certains des meilleurs projets de Google sont d’ailleurs issus de cette politique, dont la célèbre messagerie Gmail.
  • En dehors de l’entreprise, l’entrepreneuriat ou le free-lance constituent aussi des alternatives pertinentes pour les HPI.

Il n’y a pas de mode d’emploi ou de règles pour manager des HPI dans le monde du travail. C’est un sujet qui touche l’humain dans toute sa complexité, ses doutes et ses contradictions. Regrouper les HPI sous une seule enseigne est d’ailleurs difficile, car tous peuvent être très différents. Pour les entreprises, il est donc indispensable d’investir sur les soft skills de ses managers afin de créer un climat de travail bienveillant, positif et humain au sein duquel chacun peut s’épanouir pleinement, que l’on soit HPI ou non.

Crédit photo :  Pexels

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.