Les six besoins fondamentaux de l’individu au travail : relation à autrui, compétence, autonomie, reconnaissance, sens, contribution (Étude Terra Nova – L’entreprise libérée, 2015)
Redéfinir complètement l’organisation hiérarchique de l’entreprise et briser les codes de management traditionnels pour donner un second souffle à sa productivité ? Certaines entreprises sautent le pas en adaptant le principe de l’entreprise libérée à leur structure organisationnelle. Dans l’article suivant, découvrez ce qu’est une entreprise libérée !
1) Avec l’entreprise libérée, on vise l’autonomisation des collaborateurs !
« Les contraintes leur donnent l’impression de n’exercer aucun contrôle sur leur vie professionnelle, ce qui, à son tour, engendre du stress, de la fatigue et de la démotivation. » Isaac Getz (« Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises »)
L’entreprise libérée vient bousculer les codes traditionnels du management et de la gestion des ressources humaines en entreprise. Popularisée en France suite à la publication française du livre « Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises » écrit par Isaac Getz et Brian Carney, l’entreprise libérée remet en cause la structure décisionnelle pyramidale des entreprises et place le collaborateur au cœur du processus décisionnel.
La hiérarchie verticale, un système appliqué par la « contrainte »
Dans le schéma organisationnel classique et très utilisé en France, l’entreprise applique une hiérarchie verticale. Le salarié répond à un responsable qui lui indique des tâches à accomplir, des process à utiliser et des objectifs à atteindre pour contribuer à la performance de l’entreprise et appliquer la vision des cadres dirigeants. Le salarié est limité par les contraintes imposées par sa hiérarchie, son travail est contrôlé et sa motivation au travail est régie par le devoir d’obligation de répondre aux attentes de ses supérieurs.
L’entreprise libérée, une source d’autonomisation productive
À l’inverse, libérer l’entreprise consiste à redonner plus d’autonomie aux collaborateurs qui appliquent un principe d’autodétermination et d’auto-organisation. C’est-à-dire qu’ils décident eux-mêmes des actions qu’ils vont devoir accomplir pour mener à bien la fonction pour laquelle ils ont été recrutés. Du point de vue de la direction, le système se base sur le fait d’avoir confiance dans les compétences d’un salarié et dans sa capacité individuelle à se gérer et à s’impliquer dans son travail.
L’intelligence collective fait la réussite de l’entreprise libérée !
Bien évidemment, ce système n’isole pas le salarié dans son travail. Il installe une hiérarchie plate, où chacun prend des décisions et nécessite par conséquent de mobiliser la force de l’intelligence collective pour travailler ensemble vers l’accomplissement d’objectifs communs. Les collaborateurs se retrouvent mobilisés sur des projets collectifs, les différents départements de l’entreprise se décloisonnent et les collaborateurs gagnent en mobilité pour passer d’un service à l’autre en fonction des actions à entreprendre.
Le droit à l’erreur, un moyen de pacifier la responsabilisation des salariés
L’autonomie conférée aux différents collaborateurs suppose également un « droit à l’erreur » puisque c’est grâce à l’exploration de nouvelles méthodes, de nouveaux process ou de nouveaux objectifs qu’ils vont faire prendre de nouvelles directions à l’entreprise et redynamiser la productivité. Il y a donc une prise de risque qui ne porte pas toujours ses fruits, mais qui invite le collaborateur à apprendre de ses erreurs, il est donc nécessaire de montrer au salarié qu’il a le droit de se tromper.
Quid du manager ?
Le manager n’intervient plus dans une dynamique de contrôle et de centralisation de la prise de décision. Les collaborateurs n’ont plus besoin de son aval pour prendre des décisions, ce qui lui donne plus de temps pour se consacrer à d’autres activités dans l’entreprise. Il s’impose comme un team leader qui va animer les équipes sans intervenir au niveau décisionnel, et parfois, il est choisi de façon collective parmi les collaborateurs en fonction du projet à mener.
2) Pourquoi s’intéresser au concept de l’entreprise libérée ?
« Contrairement à un grand nombre de patrons d’entreprises traditionnelles, les leaders libérateurs ne croient pas que des résultats de niveau mondial s’obtiennent de force. Selon eux, ils sont la conséquence d’un bon environnement – d’un environnement libre. » Isaac Getz (« Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises »)
Améliorer les conditions de travail des collaborateurs
Les collaborateurs qui disposent d’une plus grande autonomie et ressentent la confiance et la reconnaissance de leurs pairs se montrent plus épanouis au travail. Ils ont l’opportunité de révéler toutes leurs compétences et prennent confiance en eux. C’est un facteur de fidélisation en entreprise puisque les salariés se sentent appréciés à leur juste valeur.
Augmenter la productivité de l’entreprise
Les collaborateurs font preuve d’une plus grande créativité puisqu’ils se sentent libres d’exprimer leurs opinions et de tester leurs idées. Ils conduisent l’entreprise vers plus d’innovation ce qui devient décisif dans la réussite économique d’une entreprise en plein marché concurrentiel. Ils sont également plus investis dans leur travail ce qui augmente ainsi leur productivité en entreprise.
Gagner en transparence
Pour appliquer la vision de l’entreprise à travers un processus décisionnel horizontal, l’entreprise communique beaucoup plus sur les résultats et les chiffres afin que tout le monde comprenne bien les enjeux économiques. Elle gagne donc en transparence ce qui consolide le lien de confiance établi entre la direction et les autres collaborateurs.
Qu’est-ce qui pousse une entreprise à libérer l’entreprise ?
D’après l’enquête « Au-delà de l’entreprise libérée, enquête sur l’autonomie et ses contraintes » (La Fabrique de l’Industrie – 2020), il existe quatre conditions qui sont susceptibles de pousser une entreprise à se libérer. La première concerne une situation de crise économique qui impose à l’entreprise de se renouveler pour relancer son activité et sa productivité.
La deuxième concerne un changement notable dans la taille de l’effectif. Soit l’entreprise gagne en personnel et a besoin de garder une souplesse managériale pour conserver l’esprit start-up de l’entreprise, soit l’entreprise subit une diminution d’effectif qui nécessite de mieux répartir les responsabilités.
La troisième condition concerne les entreprises qui subissent une dégradation de leur climat social et qui ont besoin de rétablir une dynamique positive dans l’entreprise. L’entreprise libérée est vue comme un facteur de bien-être au travail puisqu’elle valorise les compétences des collaborateurs.
Enfin, la quatrième condition concerne tout simplement le fait de saisir l’opportunité de transformer l’organisation de son entreprise pour lui faire prendre une nouvelle direction.
3) L’entreprise libérée, tout n’est pas si rose !
« La liberté au travail, ce n’est ni la hiérarchie, ni l’anarchie. » Isaac Getz (« Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises »)
Une hiérarchie horizontale difficile à mettre au placard !
La libération de l’entreprise se heurte à plusieurs difficultés. Tout d’abord, l’héritage culturel de la hiérarchie verticale est tellement fort que les collaborateurs ont beaucoup de mal à passer à un nouveau système. Certains collaborateurs n’ont pas envie de prendre des responsabilités ou de gagner plus d’autonomie et ne vivent pas très bien ces changements.
Les managers ont du mal à lâcher prise !
Les managers, s’ils sont encore considérés comme tels, se voient attribuer une toute nouvelle manière de gérer des équipes qui ne laisse pas de place ni pour l’ego, ni pour le contrôle. C’est un tournant qui est parfois difficile à prendre quand on a des années d’expérience sur l’ancien système.
Des dérives persistent…
Certaines personnalités plus fortes peuvent régulièrement s’attribuer des tâches plus intéressantes que d’autres, tandis que d’autres vont chercher à esquiver les tâches qui ne leur plaisent pas. L’entreprise libérée suppose d’appliquer une forme d’encadrement général pour éviter les abus. Elle vise à placer l’humain au cœur de l’entreprise et à s’engager dans une démarche collaborative où chacun y trouve son compte.
L’entreprise libérée est parfois une source de stress !
L’entreprise libérée favorise parfois l’augmentation du stress et des burn-out auprès des salariés qui prennent leurs responsabilités très à cœur et qui ont du mal à gérer leur investissement personnel. Tout le monde ne se sent pas nécessairement légitime à prendre des décisions et à gérer les conséquences de ces décisions, c’est tout un apprentissage à faire.
L’entreprise libérée est un système organisationnel qui vise à placer l’humain au cœur de la stratégie de l’entreprise. Mais il n’existe pas une solution toute faite qui s’applique à toutes les entreprises. Chaque entreprise se définit par ses propres valeurs et sa culture et la libération de l’entreprise passe par différents dispositifs d’une entreprise à l’autre. Il est donc nécessaire de trouver ce qui définit le mieux la libération de votre entreprise pour mettre en place un système qui lui convient.
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