Selon un baromètre UGICT-CGT/Viavoice, 56% des cadres souhaiteraient disposer d’un droit à la déconnexion effectif afin de préserver leur vie privée et leur santé.
« Moi, je ne mélange jamais vie privée et vie professionnelle ! », qui n’a jamais entendu cette phrase de la part d’un collègue ? Si l’on peut se convaincre de respecter ce principe, il est en revanche plus difficile de l’appliquer au quotidien, à tel point que la législation en a fait un droit : le droit à la déconnexion.
Dans cet article, décryptons le sujet majeur du droit à la déconnexion et ses principaux enjeux.
1) L’apparition du droit à la déconnexion dans la loi
46% des professions techniciennes constatent un débordement de la vie professionnelle sur la vie privée.
Malgré une introduction récente dans la loi, le droit à la déconnexion est depuis longtemps un sujet majeur de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
Si l’on parle d’équilibre vie professionnelle / vie personnelle depuis un certain temps, ce n’est qu’assez récemment que le concept de droit à la déconnexion fait son apparition dans le milieu juridique. En 2014, la Cour de cassation en introduisait déjà les prémices dans un arrêt, en reconnaissant le droit à un salarié de ne pas être joignable en dehors de ses horaires de travail. Ce n’est qu’en 2016, au sein de la loi Travail, que le droit à la déconnexion sera introduit officiellement tel quel. En effet, cette introduction ne signifie pas pour autant que des règles claires et précises ont d’emblée été établies.
L’obligation ne réside pas dans les moyens, mais dans le dialogue : les entreprises de plus de 50 salariés doivent obligatoirement aborder le sujet lors des négociations annuelles sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie. Les moyens à mettre en place sont, quant à eux, non précisés : à chaque entreprise de personnaliser ses propres solutions pour permettre à ses salariés de pouvoir se déconnecter du travail.
2) Pourquoi le droit à la déconnexion est devenu un sujet aussi important ?
75% des cadres utilisent les TIC pour des raisons professionnelles sur leur temps de repos
Ces 20 dernières années ont connu une montée en puissance des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, transformant peu à peu le travail
C’est un euphémisme que de qualifier le travail actuel « d’hyperconnecté ». Si la démocratisation des NTIC avait déjà transformé certains secteurs auparavant, l’intégralité des métiers est désormais concernée. Du technicien qualité en usine au serveur du restaurant, en passant par le technico-commercial : tous ont connu l’accélération de la vitesse de l’information. Un exemple simple résume à lui seul la nécessité du droit à la déconnexion : le smartphone. Si le téléphone servait seulement à téléphoner il y a encore 20 ans, il est maintenant possible d’y consulter ses mails, d’échanger via tout type de messages et réseaux sociaux, et même de travailler avec. Pour les cadres, par exemple, la règle implicite est souvent d’avoir son calendrier et ses mails professionnels sur le téléphone. Ceux n’ayant pas fait cette démarche suscitent parfois l’incompréhension des managers, ou même des collègues.
Les NTIC ayant accélérer et diversifier les modes de communication, les exigences en matière de réactivité ont logiquement augmenté. En 2019, un salarié aura bien du mal à dire qu’il n’avait pas vu le mail envoyé à 18h02 la veille, demandant juste de modifier l’orthographe d’un mot sur le support de présentation du lendemain. Ce type de situation pose question : où doit-on poser la limite, maintenant que celle de la technologie a grandement été repoussée ? La réponse n’est pas si évidente.
3) Droit à la déconnexion : un enjeu de santé, ou un enjeu de business ?
Selon une enquête de l’Insee, les risques psychosociaux peuvent augmenter jusqu’à 4 fois le taux d’absentéisme en entreprise.
On ne le redira jamais assez : préserver la santé psychologique des salariés ne constitue pas qu’une bonne action ; c’est aussi une obligation en plus d’être un facteur de business
Il est aisé de comprendre que si le droit à la déconnexion est un enjeu de santé pour les salariés, alors c’est un enjeu pour le business. Plus précisément, le droit à la déconnexion est un enjeu de santé psychologique. L’exigence de réactivité, d’attention et d’orientation client induites par « l’hyper-connexion » est un facteur de stress évident, de par la charge mentale supplémentaire qu’il peut induire chez le salarié. Or, les données et études sur le sujet ont, depuis longtemps, montré les effets délétères du stress excessif au travail, en particulier lorsqu’il devient chronique ou récurrent. Les conséquences ne surviennent pas « seulement » au bout de quelques années : les phases de stress aigües peuvent déjà, par exemple, causer des troubles de la mémoire à court et long terme. Lorsqu’il est prolongé, le stress peut être aussi le déclencheur de troubles dépressifs ou anxieux. Il est donc impératif que le droit à la déconnexion soit l’occasion de mettre le sujet sur la table pour éviter d’augmenter le stress. Ainsi, les managers et salariés pourront déterminer ensemble les règles à se fixer, afin qu’elles ne soient pas constamment remises en cause, ou mises de côté.
Si le droit à la déconnexion est arrivé tard dans le domaine du juridique, il évoque pourtant une problématique connue depuis la démocratisation des NTIC dans le monde professionnel et le grand public. L’enjeu majeur de ce nouveau challenge est que l’entreprise puisse continuer à préserver la santé psychologique de ses salariés tout en s’adaptant aux nouvelles exigences du travail hyperconnecté. Plutôt que de remettre le sujet au lendemain, mettons-le au cœur des discussions dès aujourd’hui.
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