Expérience Candidat

Que faire face à un candidat stressé en entretien ?

Selon une enquête RégionsJob 2016, 28% des candidats interrogés déclarent essayer de se détendre avant un entretien en faisant du…

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Selon une enquête RégionsJob 2016, 28% des candidats interrogés déclarent essayer de se détendre avant un entretien en faisant du sport, du yoga, ou en se reposant.

Tout le monde n’est pas égal face au stress. À l’origine, il est tout à fait normal de stresser avant une épreuve, ou un événement important. L’entretien d’embauche n’échappe pas à la règle, et peut rapidement se transformer en calvaire émotionnel pour certains candidats.

Comment réagir en tant que recruteur ? Dans cet article, voyons quelle attitude adopter face à un candidat stressé en entretien.

1)     Comment comprendre le stress ?

Selon une enquête 2017 Stimulus, 24% des salariés se disent « en état d’hyperstress ».

Le stress est la perception d’un déséquilibre entre une menace et les ressources à disposition pour y faire face

Avant tout, revenons rapidement sur la notion de stress. Souvent mal comprise dans le monde professionnel, elle est pourtant fondamentale dans le management, et justement, dans l’expérience candidat en recrutement.

Les deux chercheurs en psychologie Lazarus et Folkman ont décrit un modèle du stress qui fait aujourd’hui consensus : le modèle transactionnel. Le stress apparaît tout d’abord lorsqu’une personne perçoit une situation comme une menace, qu’elle soit réelle ou non. Lorsque cela se produit, la personne va spontanément estimer les ressources dont elle dispose pour faire face à la situation (ses propres compétences ou connaissances, l’aide d’autres personnes,etc.). Le stress apparaît donc lorsque la personne estime qu’elle n’a pas les ressources nécessaires pour faire face à une menace perçue. Plus elle pense que ses ressources sont insuffisantes, plus le stress sera important.

Deux éléments importants sont à retenir dans cette conceptualisation du stress. D’une part, le stress est une question de perception. Par conséquent, il n’est pas nécessaire que la menace perçue soit objectivement dangereuse. D’autre part, le stress est la perception d’un déséquilibre entre une menace et les ressources pour y faire face. Percevoir une menace ne suffit pas à déclencher du stress : il faut aussi que la personne ne se sente pas en capacité d’y faire face.

2)     Quelles conséquences sur l’entretien ?

Parmi les causes du stress les plus citées par les salariés, 76% estiment qu’il leur est impossible de prévoir leur travail dans deux ans.

Le stress peut vite devenir bloquant pour le candidat

Dans un entretien d’embauche, le stress est souvent présent à des degrés différents en fonction des candidats. Pour certains, il agira comme un « booster », et leur permettra d’être plus dynamique à l’entretien. C’est d’ailleurs souvent dans ce type de cas que l’on parle de stress « positif », par opposition au stress « négatif ». En réalité, il ne s’agit pas deux types de stress, mais d’un juste dosage de celui-ci. Lorsqu’il est légèrement présent, il a tendance à augmenter la performance, et aura donc un petit effet bénéfique pour le candidat.

Cependant, dès qu’il dépasse un certain seuil, il peut avoir plusieurs effets bloquants majeurs dans l’entretien. Le candidat peut avoir du mal à s’exprimer, à avoir un discours fluide, ce qui peut rendre son discours moins intelligible, et donc ne pas jouer en sa faveur. Le stress biaise donc déjà l’évaluation de la personne. De plus, il a aussi un effet délétère sur la mémoire : sur le moment, le candidat peut donc passer sous silence des détails lorsqu’il parle de son expérience. Enfin, de façon évidente, le stress nuira complètement à l’expérience candidat. À la fois pour des raisons d’éthique, mais aussi pour une question d’attractivité, le recruteur a tout intérêt à faire diminuer le stress du candidat pour que celui-ci ressorte avec une image positive de l’entreprise. Quelle réaction adopter face à un candidat stressé ?

3)     Quelles réactions adopter ?

D’après un rapport de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, la France se situe dans les 3 derniers pays ayant les taux les plus bas de chefs d’équipes et managers formés aux risques psychosociaux.

Le recruteur doit chercher à dédramatiser l’entretien, via son attitude non-verbale, ou directement en abordant le sujet avec le candidat

Comme évoqué précédemment, le stress du candidat influence l’ensemble de l’évaluation. Il est donc nécessaire de commencer par prendre du recul sur ce que l’on pense du candidat, et de ses compétences. En premier lieu, ce n’est pas parce que le candidat est stressé à l’entretien, qu’il ne sait pas gérer son stress à tout moment. En second lieu, il faut bien distinguer sa capacité à gérer son stress, et ses autres compétences. Même s’il s’avère que le candidat n’arrive pas à gérer son stress, cela ne veut pas non plus dire que ses autres compétences sont insuffisantes pour le poste.

Concrètement, il est donc impératif de déstresser le candidat du mieux que l’on peut. Dans l’attitude non-verbale, il faut commencer par être souriant, et le plus rassurant possible. La difficulté est d’apprendre à maitriser ses propres réactions pour ne pas envoyer involontairement des messages indirects au candidat. Si l’attitude ne suffit pas à diminuer suffisamment le stress du candidat, il ne faut pas hésiter à faire une pause dans l’entretien pour aborder le sujet directement avec le candidat. Tout en restant le plus bienveillant et neutre possible, le recruteur peut proposer au candidat de faire une courte pause pour lui laisser le temps de se reconcentrer. Globalement, le recruteur ne doit pas hésiter à dédramatiser l’entretien, le tout étant de redonner confiance au candidat.

Dans la majorité des cas, travailler son attitude non-verbale est déjà un bon pas en avant pour apprendre à gérer le stress des candidats. D’autres leviers existent pour aller plus loin : le recruteur peut, par exemple, travailler la formulation de ses questions, certaines tournures de phrases étant plus stressantes que d’autres. La clé du stress est de dédramatiser l’entretien : moins le candidat le percevra comme un examen, plus il aura confiance en lui.

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    Par Pierre Kerline

À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.