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L’innovation technologique favorise-t-elle le bien-être au travail ?

Selon une enquête menée en 2016 par l’entreprise Aon Hewitt, le bien-être des salariés représente une préoccupation majeure pour seulement…

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Selon une enquête menée en 2016 par l’entreprise Aon Hewitt, le bien-être des salariés représente une préoccupation majeure pour seulement 13% des entreprises.

Les diverses enquêtes montrent qu’aujourd’hui les salariés ont beaucoup d’attentes concernant leur travail. En effet, le temps où les travailleurs effectuaient toute leur carrière au sein d’une même entreprise est révolu. Aujourd’hui, le rapport entre les collaborateurs et leur société s’est inversé. C’est au salarié de prendre en main sa carrière et par la même occasion sa vie professionnelle.

Parmi les éléments constituant la vie professionnelle, on trouve bien évidemment la nature du poste et les missions associées ou encore la rémunération. Cependant les conditions de travail sont également des paramètres qui sont de plus en plus pris en compte par les salariés. Mon travail est-il épanouissant ? M’offre-t-il toutes les conditions pour accomplir mon projet professionnel et personnel ?

Dans cet article nous allons nous poser la question de la place de l’innovation dans le bien-être au travail. En effet, nous vivons dans un monde en constante évolution technologique, réinventant constamment de nouvelles façons de travailler.

Qu’est-ce que le bien-être au travail ?

Une étude menée conjointement par Mozart Consulting et le Groupe Apicil montre que le mal-être au travail a coûté 13 500 euros en France…par salarié !

Bien-être au travail : un sujet d’actualité

Tous les acteurs de l’entreprise n’ont pas la même définition et conception pour ce qui concerne le bien-être dans un contexte professionnel.

Certains peuvent par exemple le concevoir comme étant l’absence de stress ou de toute autre perception négative tandis que d’autres perçoivent cela comme étant des conditions propices offrant à l’individu des perceptions positives.

Ces divergences au niveau des définitions ne sont pas anodines. En outre, les moyens mis en place par les entreprises pour promouvoir le bien-être au travail peuvent là aussi largement diverger, et cela est souvent dû aux différences de perception du problème. Ainsi, une entreprise pourra agir seulement lorsqu’une situation devient critique, tandis qu’une autre sera proactive en prenant en main ses collaborateurs pour améliorer leur situation avant l’apparition d’éventuels problèmes liés au mal-être au travail.

De notre côté, nous allons nous baser sur la définition donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Il s’agit, en effet, de la source la plus légitime étant donné que l’OMS œuvre pour l’amélioration de la santé publique depuis la seconde moitié du 20ème siècle.

Ainsi, selon l’OMS, le bien-être au travail est « un état d’esprit dynamique, caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ».

Deux idées bien distinctes se dégagent de cette définition. Premièrement, le salarié et sa subjectivité. C’est-à-dire comment il se perçoit, et comment il perçoit ses capacités à pouvoir réaliser les choses. Deuxièmement, les caractéristiques du poste, déjà bien plus objectivables. Cette définition prend également position et défend l’idée du bien-être comme étant les conditions offrant une perception positive de son poste.

Comment les différentes innovations technologiques interviennent-elles par rapport à cette définition du bien-être ? Quel lien établir entre innovation technologique et bien-être au travail ?

L’innovation technologique comme facteur d’amélioration du bien-être au travail ?

Une étude menée par le cabinet Radicati a montré qu’en moyenne les salariés du secteur privé, tous secteurs confondus, recevaient 72 mails par jour !

Plus complexe qu’il n’y paraît !

Aujourd’hui, nous sommes largement entourés de nouvelles technologies aussi bien dans notre sphère privée que professionnelle : du matin, avec le réveil et les informations télévisées qui parcourent le monde, au soir, avec les téléphones et leurs applications pour nous divertir.

Le monde du travail n’est pas en reste avec des process et des modes de fonctionnement qui ont été impactés par les nouvelles technologies. Un premier exemple : les mails professionnels. La démocratisation des ordinateurs, des connexions internet globalisées et d’autres technologies associées tels que les téléphones portables, permettent aux collaborateurs d’être joignables à n’importe quel moment. Combien de salariés ont déjà reçu des mails en soirée ou en week-end ? La désorganisation du travail engendrée par des mails, trop nombreux ou envoyés sur le temps de repos du salarié, peut vite devenir problématique. Alors qu’à l’origine son concepteur voyait cet outil de communication se situer sur le moyen terme, de plus en plus de collaborateurs le voient comme étant une sollicitation immédiate. Certains salariés préfèrent envoyer un mail à leur collègue de bureau, situé seulement à quelques mètres, au lieu de privilégier un appel rapide ou une sollicitation directe.

Un second exemple : le télétravail. Il s’agit d’un mode de travail qui s’est développé il y a maintenant plusieurs décennies aux États-Unis et qui permet aux salariés d’exercer leur emploi depuis chez eux. De plus en plus d’entreprises en France développent ce mode de fonctionnement, ce qui permet d’améliorer les conditions de travail des salariés.

Ceux-ci n’ont plus de transports en commun à emprunter, et par conséquent ont des horaires plus adaptés pour concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle. De plus, le temps gagné par l’économie des heures passées dans les transports en commun ou en voiture leur permet de travailler plus et d’afficher de meilleures performances.

Le télétravail est permis uniquement par le développement de l’innovation technologique. En effet, sans connexion internet ou de protocoles de sécurité poussés pour les activités dites sensibles, le télétravail n’aurait pu exister. Dans ce cas précis, l’innovation technologique est indéniablement un facteur d’amélioration des conditions de travail des salariés.

Un impact à double tranchant sur les salariés ?

Selon une étude menée par l’Anact en 2016, le numérique représente une opportunité pour plus de la moitié des salariés !

L’innovation technologique présente de bons comme de mauvais côtés

À la lumière de ces deux cas, il est difficile de trancher radicalement à propos des conséquences de l’innovation technologique sur le bien-être au travail. Le premier cas, illustré par l’exemple des mails anxiogènes, démontre bien qu’une innovation technologique peut contribuer au développement de mauvaises conditions de travail. Le second exemple, quant à lui, montre comment les nouvelles technologies peuvent bénéficier aux salariés avec des avantages non négligeables. Que retenir ?

La réalité est rarement simple et bien tranchée. En effet, l’impact de l’innovation technologique sur la vie des salariés dépend de beaucoup de facteurs, comme notamment celui de l’usage qu’en fait tout un chacun. Ainsi, l’usage des collaborateurs et les attentes qu’ils ont vis-à-vis des innovations technologiques va conditionner leur rapport, plus ou moins sain, à ces nouveaux outils.

Si l’on souhaite que les innovations technologiques favorisent le bien-être au travail, il faut apporter une certaine éducation d’utilisation aux collaborateurs. Cela peut par exemple passer par des programmes de formation posant les limites entre temps professionnel et temps privé. Les managers et la culture d’entreprise doivent également suivre afin que les programmes de prévention et/ou de bonne utilisation de l’outil numérique soient bien appliqués.

 

Le rapport entre l’innovation et le bien-être au travail n’est donc pas une simple relation linéaire. Dans certains cas, les nouvelles technologies ont parfaitement amélioré les conditions de travail des collaborateurs, alors que dans d’autres situations, ces mêmes innovations les ont dégradées. Pour tirer le meilleur de la relation entre innovation technologique et bien-être au travail, il convient de se mettre d’accord sur la notion de bien-être au travail et de repenser les nouveaux usages qui doivent y être associés !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.