Emploi

Comment faire le deuil d’un emploi ?

Les changements de voies professionnelles font partie intégrante de la carrière de chacun, encore plus depuis la crise du Covid-19.…

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«  On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement », Marcel Proust

Les changements de voies professionnelles font partie intégrante de la carrière de chacun, encore plus depuis la crise du Covid-19. Que le changement d’emploi soit voulu ou non, il faut inévitablement passer par un processus de deuil. Dans l’article suivant, découvrez comment faire le deuil de son emploi.

1) Devoir faire le deuil d’un emploi, est-ce que c’est grave ? 

Les réactions sont très singulières, particulières, on peut être impacté à différents niveaux. Parfois, le moral tient, et le corps va être le premier à lâcher. Les troubles du sommeil, de l’humeur, de l’alimentation sont des indicateurs assez parlants.Alix Gautier, psychologue clinicienne, à propos du deuil d’un emploi

Le deuil d’un emploi est un processus psychologique très personnel qui est vécu différemment d’une personne à l’autre. Il dépend également de la situation personnelle de chacun et du contexte dans lequel se produit la perte ou le changement de travail. Une personne seule ne vivra pas la perte de son emploi de la même manière qu’une personne qui doit subvenir aux besoins de sa famille. Par conséquent, il n’existe pas de recette miracle, chacun doit trouver ce qui l’aide à se reconstruire d’une façon ou d’une autre mais il faut inévitablement passer par plusieurs étapes du deuil.

Quelles sont les situations qui peuvent demander de faire le deuil de son emploi ?

La perte d’un emploi arrive de deux façons : le changement est voulu et l’on démissionne ou il s’agit d’un licenciement. Selon le cas, une fois de plus, la réaction psychologique diffère d’une personne à l’autre. Quand on choisit de quitter son emploi, on a le contrôle sur sa vie et même si le changement n’est pas évident, on l’a choisi. Quand on est licencié, c’est l’inverse, on perd complètement le contrôle sur sa vie pendant un moment et la reconstruction peut prendre plus de temps.

Quelles sont les conséquences d’un deuil mal vécu ? 

Quand c’est mal vécu, changer d’emploi ou se retrouver au chômage peut s’accompagner de différentes réactions : peur du changement, peur de l’avenir, ressentiment envers ses anciens supérieurs, perte de confiance dans ses capacités (en cas de licenciement pour faute par exemple) ou perte d’identité professionnelle (« Qui suis-je maintenant que mon travail ne me définit plus aux yeux des autres ?)

Ces réactions peuvent ensuite donner lieu à des troubles de la santé comme l’anxiété, la perte de sommeil ou une dépression. 

À noter cependant que le deuil ne se fait pas systématiquement après avoir perdu son emploi. En effet, dans le cas d’une démission, une partie du deuil se fait parfois avant le départ car c’est le processus de deuil qui permet de trouver la force de quitter son emploi. Il est donc possible de faire des allers-retours entre différentes étapes du deuil.

La courbe du changement, ou comment se manifeste le processus de deuil en 9 étapes

Une fois que le processus est enclenché, chacun passe inévitablement par un processus de deuil qui se traduit par les étapes suivantes :

La courbe de la résistance au changement
La courbe de la résistance au changement – source :
  • Le choc  : vous apprenez que vous êtes licencié ou vous réalisez que vous ne pouvez plus faire ce travail
  • Le déni  : vous refusez d’admettre le licenciement ou vous refusez de quitter votre travail parce que vous considérez que vous n’avez pas le choix
  • La colère : vous en voulez à votre entreprise ou vous vous en voulez à vous-même de ne pas prendre action
  • La peur  : vous craignez de ne jamais retrouver de travail ou de ne plus être à la hauteur
  • La tristesse : vous êtes abattu et découragé
  • L’acceptation : vous acceptez que la situation ait changé, vous acceptez qu’il faille passer à autre chose
  • Le pardon  : vous vous pardonnez pour le temps que vous avez mis à accepter la nouvelle situation
  • La quête de sens  : vous prenez action pour aller vers quelque chose de nouveau : envoi de CV, formations, etc.
  • La sérénité  : vous avez à nouveau confiance dans l’avenir

C’est le principe de la courbe du deuil inspirée des travaux de la psychiatre et psychologue Elisabeth Kübler-Ross. 

Devoir faire le deuil d’un emploi ce n’est donc pas grave, c’est juste un processus normal. Le simple fait de le savoir permet déjà de se sentir mieux !

2) Peut-on accélérer le processus de deuil ?

Il est important de pouvoir faire le bilan du poste que l’on a quitté à froid. Les choses ne sont ni blanches ni noires, qu’est-ce que je vais retenir de cette situation ? Qu’est-ce que j’ai appris pour la suite ?Alix Gautier, psychologue clinicienne, à propos du deuil d’un emploi

Le deuil est un processus qui se met en place naturellement, les conseils suivants vous permettent cependant d’accélérer le processus pour « bien » faire le deuil de son emploi et rebondir plus vite…

Commencez par accepter le principe de rentrer dans un processus de deuil

La courbe du deuil est la manifestation d’une résistance au changement. Une fois qu’elle est enclenchée, il faut inévitablement aller au bout du processus pour atteindre le moment où l’on est à nouveau prêt à aller de l’avant. 

Le premier conseil pour bien faire le deuil d’un emploi est de tout simplement commencer par accepter de rentrer dans un processus de deuil. On met sa fierté au placard autant que possible, on arrête de prétendre que ça ne nous fait rien et on accepte de se sentir en insécurité pendant un moment. 

Dès que vous admettez que vous vous confrontez à un changement qui vous bouleverse à plus ou moins grande échelle, plus vous êtes prêt à lâcher prise pour suivre le processus de deuil et plus vous remontez la phase ascendante du processus rapidement, car vous savez pertinemment qu’il y a une issue positive au bout du processus.

Laissez place à l’analyse et à l’introspection !

Il est ensuite nécessaire de passer par une phase d’introspection. Revivre les différentes étapes qui ont conduit au changement. Dans le cas d’une démission, il s’agit de comprendre les raisons qui vous ont poussé à vouloir changer d’emploi : était-ce parce que la relation avec les supérieurs se dégradait ? Parce qu’il vous manquait quelque chose ? Parce que vous aviez d’autres ambitions à atteindre ? Parce que votre travail ne vous convenait plus ?

Dans le cas d’un licenciement, vous vous demanderez plutôt si vous auriez pu éviter cette situation en développant de nouvelles compétences, si votre motivation avait baissé au point de faire du travail de mauvaise qualité, si le contexte économique n’était plus favorable à votre champ d’expertise, etc.

L’intérêt est d’apprendre à mieux vous connaître pour comprendre ce dont vous avez besoin dans le cadre professionnel : vous voulez désormais travailler pour une entreprise qui valorise le bien-être au travail, vous voulez acquérir de nouvelles compétences, changer d’orientation… 

Une fois que vous comprenez ce dont vous avez besoin, vous vous mettez plus facilement en action pour y remédier et vous avez envie de réaliser de nouveaux projets.

Exprimez ce que vous ressentez…

Qu’il s’agisse d’un licenciement ou d’une démission, une chose est sûre : vous bouillonnez d’émotions à l’intérieur de vous et il faut les exprimer. N’hésitez pas à partager vos émotions auprès de vos proches, auprès d’un professionnel ou tout simplement par écrit dans un journal. Autorisez-vous à ressentir les différentes étapes. Et pourquoi ne pas aller jusqu’à vous interroger sur l’étape du deuil dans laquelle vous vous situez ? Cela vous aide à prendre de la distance plus rapidement.

Faites-vous accompagner par des professionnels

Vous avez tout intérêt à rechercher de l’aide auprès des différents professionnels qui existent : consultez un thérapeute pour surmonter votre anxiété et exprimer vos craintes, allez voir un coach pour trouver le courage de créer votre entreprise, faites un bilan de compétences pour prendre conscience de tout ce que vous êtes capable de faire ou allez à des salons de l’emploi pour découvrir les nouveaux métiers qui existent. Personne n’a dit que vous deviez vous sortir du processus de deuil tout seul, au contraire ! C’est l’occasion de s’ouvrir à de nouvelles choses !

Profiter de la période d’inactivité professionnelle pour faire ce que vous avez envie de faire !

Le vide laissé par la perte d’un emploi libère du temps pour faire ce dont on a envie. Qu’il s’agisse d’actions du quotidien comme prendre le temps d’aller à la salle de sport ou lire enfin des livres jusqu’au bout ; ou bien des projets plus profonds comme le fait de faire un long voyage, de s’engager dans une association ou de faire une formation ; l’important est que vous suiviez vos envies car c’est ce qui vous permet d’être à l’écoute de vous-même et de vous diriger vers la phase ascendante du processus de deuil. Vous prenez conscience des nouvelles opportunités qui s’offrent à vous plutôt que de ruminer sur ce que vous avez perdu et vous vous ouvrez de nouvelles portes.

Faire le deuil d’un emploi, c’est un moment difficile à passer mais le temps ne s’arrête jamais et le monde regorge de nouvelles opportunités professionnelles !

Crédit photo : depositphotos.com 

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Il y a 1 commentaire
  • merci, je suis très mal aujourd’hui, réalisant que je dois faire le deuil de ce poste que j’aime et que je quitte pour des raisons familiales.
    Après 3 semaines de tuilage de la collègue qui me remplace et avant de prendre mon nouveau poste je suis tiraillée par une succession d’émotions aussi contradictoires les unes que les autres.

    Par Karine

À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.