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La Méthode de Recrutement par Simulation ou MRS : mode d’emploi

« Ce qui compte, ce n’est pas ce que vous dites, c’est ce que vous savez faire ». C’est ainsi…

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« Ce qui compte, ce n’est pas ce que vous dites, c’est ce que vous savez faire ». C’est ainsi que l’on pourrait facilement résumer la méthode de recrutement par simulation (MRS). Développée et utilisée par Pôle Emploi depuis 1995, elle est mise en place en partenariat avec des entreprises de toutes sortes sur l’ensemble du territoire français, par l’ensemble des équipes MRS existantes. Elle reste cependant assez méconnue dans le monde professionnel, ou parmi les candidats, qui sont encore parfois surpris par le procédé utilisé. Pourtant, celle-ci peut offrir de très puissants atouts en termes de recrutement stratégique et prédictif. Et si nous arrêtions de faire passer des entretiens aux candidats ? Et si nous nous concentrions davantage sur leurs compétences ?
Dans cet article, lumière sur le compte de la MRS, la méthode de recrutement par simulation !

1) La Méthode de Recrutement par Simulation et Pôle Emploi : fonctionnement du concept

Selon le rapport d’évaluation de Pôle Emploi sur la MRS, plus de 130 000 recrutements sont effectués par an avec cette méthode !

La MRS, un outil de recrutement qui a fait ses preuves

La méthode de recrutement par simulation est une méthode de sélection des candidats dans le processus de recrutement. Elle permet d’évaluer les compétences des candidats à travers une ou plusieurs épreuves qui reproduisent un environnement de travail proche du poste visé. A l’instar d’une agence d’intérim ou d’un cabinet de recrutement, Pôle emploi propose ce genre de services, à la différence que la prestation est gratuite. Tout commence par la rencontre entre une entreprise qui souhaite recruter et Pôle Emploi. L’agence publique met alors à disposition l’une de ses 130 équipes MRS disponibles, qui vont à la rencontre des acteurs de l’entreprise ayant des besoins de recrutement. Ensemble, les deux parties s’entendent sur la définition du poste, les compétences à évaluer, les critères à retenir, et enfin les exercices de simulation à faire passer. C’est d’ailleurs l’un des points forts de la démarche : elle se veut la plus « sur mesure » possible. Enfin, une fois que les épreuves sont définies, l’équipe MRS se charge de les faire passer aux candidats, et d’effectuer une pré-sélection sur la base de leurs performances. L’entreprise les reçoit alors pour un entretien de motivation, et établit une sélection finale.

Une notion est particulièrement centrale dans la méthode : plutôt que d’établir une pré-sélection sur le CV ou la lettre de motivation, l’objectif est d’évaluer ce que Pôle Emploi appelle « les habiletés ». Il s’agit ni plus ni moins d’aptitudes, qui forment des compétences. Le candidat est directement convié à passer une épreuve de sélection, sans pré-examen de quelque élément de son dossier. Le principe n’est pas nouveau en soi, puisque la sélection par simulation est utilisée par de nombreuses entreprises. Par exemple, la RATP l’utilise souvent pour certains métiers techniques.

 

 

2) La MRS, oui, mais pour quels types de recrutement ?

La raison la plus fréquente qui motive une entreprise à utiliser la MRS est de pouvoir élargir ses moyens de sourcing !

La MRS : déjà mise en place dans des grands groupes lors de recrutements massifs

Si l’on en croît le rapport de Pôle Emploi, la méthode de recrutement par simulation est utilisée principalement par des entreprises de grande taille. Ce n’est pas étonnant, étant donné qu’elle est généralement utilisée lorsque le nombre de recrutements prévus est relativement élevé (il est recommandé d’avoir au moins 3 postes à pourvoir). Ainsi, le nombre élevé de candidats peut être beaucoup plus rapidement traité. Plusieurs entreprises soulignent d’ailleurs le fait que l’investissement en temps n’est pas rentable pour des volumes de recrutement très faibles. Le rapport montre également que la plupart des entreprises demandeuses ont la particularité d’avoir un service RH peu formalisé et professionnalisé. On retrouve d’ailleurs davantage de petites structures dans cette catégorie, ce qui n’est pas surprenant.

Lorsque les entreprises ont peu de temps et de moyens à accorder au dispositif, Pôle Emploi peut mettre en place des sessions mutualisées. Ici, les candidats passent les épreuves pour plusieurs entreprises à la fois. Par exemple, pour 3 entreprises qui recherchent un soudeur, on fera passer une même épreuve de soudure à tous les candidats, puis ceux-ci rencontreront plusieurs entreprises. La méthode perd de son aspect « sur-mesure », mais permet toutefois de faire bénéficier les plus petites structures de la prestation.

 

 

Pour 55% des recruteurs, il faut deux entretiens avant d’être convaincu de la pertinence d’une candidature. - Source : regionsjob.com
Pour 55% des recruteurs, il faut deux entretiens avant d’être convaincu de la pertinence d’une candidature. – Source : regionsjob.com

3) La simulation, un dispositif fiable et plus objectif

En 1998, 2 chercheurs en psychologie du travail, Schmidt et Hunter, ont analysé plus de 85 ans de recherche scientifique sur les différentes pratiques de recrutement au sein des entreprises. L’étude a montré que la simulation était 3 fois plus prédictive que l’expérience que possède le candidat au moment de sa candidature !

La simulation, plus fiable que l’expérience du candidat pour certains postes techniques

Le procédé peut être surprenant de prime abord, car nous avons généralement coutume de réaliser des entretiens d’embauche pour choisir le bon candidat. Pourtant, les recherches en psychologie du travail montrent que l’entretien d’embauche, tel qu’il est pratiqué traditionnellement, est sujet à de nombreux biais qui faussent l’évaluation. Certains recruteurs le disent eux-mêmes : « Notre métier est très subjectif ». Cependant, cette habitude tellement ancrée dans les pratiques RH nous fait parfois oublier qu’il existe d’autres moyens pour évaluer les compétences des candidats, et souvent beaucoup plus fiables, ce qui est le cas de la simulation. En soi, l’efficacité de la méthode n’est pas un hasard : on cherche à reproduire le plus fidèlement possible les tâches que le candidat aura à faire dans le cadre du poste en question. C’est pourquoi l’on parle de « recrutement prédictif » : on obtient de réelles preuves plus tangibles et objectives du potentiel des personnes dans le futur métier. On cherche donc à « prédire » la performance.

Le dispositif est également un excellent moyen de limiter efficacement la discrimination à l’embauche. Même si les candidats passent un entretien de motivation à la fin du processus, les personnes habituellement discriminées pour leur sexe, âge, origine, lieu d’habitation, ou autre, ne sont plus écartées avant même d’avoir eu un contact téléphonique avec le recruteur. La méthode s’est d’ailleurs vue décerner un label par la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité), dans le cadre de l’année européenne de l’égalité des chances pour tous en 2007.

 

 

4) Si la prestation est gratuite, elle nécessite toutefois un certain investissement en temps de la part de l’entreprise

« Fondée sur les habiletés nécessaires pour occuper un poste de travail, la méthode de recrutement par simulation consiste à repérer l’ensemble des capacités nécessaires pour réaliser un travail lors d’analyses de postes en entreprise puis à construire des exercices permettant de les évaluer chez les candidats. Ces exercices reproduisent par analogie le poste de travail et mettent donc les candidats en situation de démontrer concrètement leur capacité à tenir ce poste. » – extrait du site pole-emploi.fr

Recruter par simulation exige un personnel de recrutement formé à la technique

La méthode de recrutement par simulation est un véritable processus de recrutement formalisé, ce qui peut s’avérer très imposant lorsque l’on a l’habitude s’en tenir aux basiques du métier, en particulier dans les petites structures (qui n’ont pas toujours le temps de formaliser leurs process). Même si l’équipe MRS prend en charge une bonne partie de la procédure, l’investissement en temps pour l’entreprise n’est pas moindre. En effet, il est nécessaire de réaliser l’analyse de poste préalable, la création d’un référentiel de compétences, la conception des épreuves, et de tous les autres éléments pouvant faire l’objet de plusieurs rendez-vous avec l’équipe opérationnelle. Dans certains secteurs où le temps est extrêmement rare à consacrer aux ressources humaines, comme l’hôtellerie restauration, certaines entreprises vont privilégier le recrutement « en flux tendu », sans formalisation.

Lorsque la conception du processus de recrutement est sujette à un défaut d’implication, le résultat est de moins bonne qualité, avec des entreprises qui déplorent l’inadaptation des épreuves à la réalité du terrain. Cela ne remet néanmoins pas en cause la pertinence de la méthode, mais montre qu’un minimum d’investissement est indispensable pour créer une véritable valeur ajoutée dans son utilisation versus un recrutement traditionnel.

La MRS est une méthode très fiable et efficace, et offre un nombre considérable d’avantages à l’entreprise qui veut recruter : économies, prédictibilité de la performance, évaluation des compétences, etc. mais demande une implication de la part de l’entreprise. Le dispositif ne sera pas pertinent pour des recrutements ponctuels, mais peut être un véritable atout sur des grands volumes de candidats et de postes à pourvoir !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.