Marque employeur

Économie Sociale et Solidaire (ESS) : quelles sont les motivations des salariés de ce secteur particulier ?

« C’est une économie du lien et pas uniquement une économie du bien » Cyrille Chrétien, président de Ressources Solidaires Avec une…

6 min

« C’est une économie du lien et pas uniquement une économie du bien » Cyrille Chrétien, président de Ressources Solidaires

Avec une part de marché durablement installée (14% de l’emploi privé) et un fort pouvoir d’attractivité auprès des jeunes générations, le secteur de l’économie sociale et solidaire gagne en popularité.

Cependant, ce secteur ne promet pas que monts et merveilles. Les heures de travail des cadres sont nombreuses, les salaires moins élevés que dans le secteur privé et les besoins en candidats qualifiés pour les postes à responsabilité sont plus faibles. Pourtant, certains cadres confortablement installés en poste dans le privé n’hésitent pas à claquer la porte pour prêter main forte à ce secteur dont le fonctionnement est principalement centré sur l’humain. Dans cet article, découvrez quelles sont les motivations des salariés du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire. 

1) Un secteur porteur de valeurs humanistes

L’action sociale représente 60% de l’activité du secteur de l’ESS (« Que représente l’Économie sociale et solidaire » infographie 2017, Novethic.fr)

L’Économie Sociale et Solidaire met un point d’honneur à placer l’humain au cœur de son projet économique. Elle touche les secteurs de la santé, de l’éducation, s’intéresse à la réinsertion des personnes en difficulté sur le marché de l’emploi, valorise le commerce équitable, met en place des projets de développement durable… en bref, elle vise à « créer un monde meilleur. »

C’est ce dessein fondamentalement bon qui génère son premier levier d’attractivité. En effet, dans notre culture contemporaine quelque peu désorientée par la vitesse à laquelle s’est installée la société de consommation et dans laquelle l’individualisme a gagné du terrain, la quête de sens au travail se fait de plus en plus ressentir. Le salarié du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire est fier de se lever le matin et d’avoir un impact positif sur le monde en allant travailler. D’après le baromètre 2017 sur la Qualité de Vie au Travail dans l’ESS publié par Chorum, 83% des salariés partagent un sentiment d’utilité.

Le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire est également porté par un besoin d’égalité et fait front au capitalisme ravageur. Si les salaires sont moins élevés et les écarts de salaire plus encadrés, c’est parce que le secteur veille à distribuer les ressources de manière plus équitable. Cet argument prend le contrepied de l’argent facilement gagné et convient aux salariés qui visent à créer un monde solidaire et uni où chacun trouve sa place en acceptant les sacrifices nécessaires pour le bien commun.

2) Un secteur porteur de défis

« L’ESS est un foyer d’inspiration qui bouleverse les codes de l’économie traditionnelle », Nicolas Hulot

Ne vous laissez pas méprendre par l’eau qui dort… Le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire, bien que motivé par des valeurs fondamentalement humanistes propose également son lot de défis. En effet, il est un véritable terrain de jeu pour les salariés en quête de challenge et prêts à se battre pour une cause chaque matin usant de toutes les armes dont ils disposent. Le salarié de l’Économie Sociale et Solidaire est un guerrier des temps modernes prêt à affronter la concurrence.

Un profil commercial est tout aussi motivé par des objectifs de compétivité et de rentabilité qu’un salarié du secteur privé. Il doit être force de proposition pour amener les solutions qui consolident la pérennité économique de l’entreprise, il doit réussir à faire plus avec moins, trouver l’équilibre entre performance économique et respect des valeurs solidaires.

L’Économie Sociale et Solidaire est également un secteur où la créativité s’exprime et dont les contraintes sont source d’innovation. Le progrès technologique se met au service du secteur et offre de belles perspectives en recherche et développement qui séduisent entrepreneurs et ingénieurs.

3) ESS : un secteur durable

Entre 2000 et 2015, le nombre d’offres d’emploi a augmenté de 24% dans l’ESS contre 7% dans le secteur privé (« Que représente l’Économie sociale et solidaire » 2017, Novethic.fr)

Le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire est un secteur qui applique une vision à long terme et s’oppose à l’opportunisme du capitalisme. Il a de quoi attirer les salariés effrayés par la mondialisation et tout ce que cela implique en termes de délocalisation et autres décisions motivées par le profit.

Tout d’abord, le système de gouvernance démocratique implique les salariés dans l’élection des dirigeants. Cette influence au niveau décisionnaire de l’entreprise a l’avantage de responsabiliser le salarié dans la vie de l’entreprise et mobilise son investissement personnel. Une fois de plus, un rapport plus équitable se crée, ce qui plaît aux salariés qui ne veulent pas se plier bêtement à la hiérarchie.

En favorisant le développement de l’activité locale grâce aux partenariats avec la communauté, il y a également très peu de chances de voir une entreprise du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire se délocaliser à l’autre bout du monde ce qui procure un sentiment de confiance en l’avenir pour tout salarié jusqu’alors malmené sur le marché de l’emploi.

Enfin, grâce à un meilleur encadrement de la rentabilité et une distribution responsable du capital, le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire présente une meilleure résistance à la crise ce qui rassure également les salariés qui sont généralement en première ligne pour payer les conséquences d’une gestion financière risquée. Les sociétés coopératives et participatives, à titre d’exemple, mettent au moins 16% de leurs bénéfices de côté systématiquement (Capital.fr). Pendant la crise en 2009, le nombre de salariés est resté en augmentation avec 1,8% de progression alors qu’il a diminué de 2,3% dans le privé. (source : jetrouveunjobsolidaire.fr).

L’une des critiques qui est faite à propos du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire est le manque de visibilité des offres d’emploi qui se fondent dans la masse et passent inaperçues. 700 000 départs à la retraite sont prévus d’ici 2025 (« Que représente l’Économie sociale et solidaire » 2017, Novethic.fr). Les recruteurs de ce secteur gagneraient à améliorer leur stratégie de diffusion d’annonces afin de toucher un plus large public de candidats et pourquoi pas de susciter des vocations !

Si cet article vous a plu, je vous invite à télécharger notre livre blanc « Les outils permettant d’améliorer la qualité (efficacité et efficience) du recrutement » ou à nous contacter directement.

Donner votre avis

En commentant, vous acceptez notre politique de confidentialité

À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.