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Pourquoi les jeunes diplômés privilégient-ils de plus en plus les PME ?

Selon un rapport d’étude sur l’insertion des jeunes diplômés des Grandes écoles publié par la CGE (Conférence des Grandes Écoles)…

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Selon un rapport d’étude sur l’insertion des jeunes diplômés des Grandes écoles publié par la CGE (Conférence des Grandes Écoles) en 2017, près de 40% des diplômés débuteraient leur carrière dans une entreprise comptant moins de 250 salariés. Le pourcentage serait en hausse de 0,7 point par rapport à l’année précédente, confirmant l’attrait des étudiants pour les entreprises à taille intermédiaire. En 2018, les chiffres restent relativement semblables : 39,3% des étudiants en fin de cursus auraient privilégié une entreprise de moins de 250 salariés.

 

Il semblerait que les Petites et Moyennes Entreprises ou PME, soient souvent privilégiées par les nouveaux diplômés. Une enquête de l’APEC datée de 2016 souligne que les PME feraient partie « des premières expériences d’un nombre croissant de jeunes diplômés », bénéficiant d’une certaine « attractivité » aux yeux de ceux qui sont fraîchement diplômés. D’autre part, une étude réalisée par BpiFrance et le cabinet de conseil en entreprise Katalyse en 2018 affirme que les PME seraient en pleine croissance en France. Un rapport de la Bpifrance évoque une « croissance française 2017 construite sur la reprise confirmée de l’activité des PME et ETI en 2016 ». Mais alors en quoi les PME peuvent-elles être plus attractives pour les jeunes diplômés et plus intéressantes que les grandes entreprises aujourd’hui ? Éléments de réponse dans cet article !

 

L’épanouissement personnel en entreprise, un critère important chez les jeunes diplômés

Si les jeunes diplômés sont « convaincus qu’une grande entreprise, dotée d’une forte notoriété, constitue un meilleur tremplin pour leur future carrière », ils apparaissent toutefois « détachés et sans passion face à un modèle d’entreprise qui ne les fait pas toujours rêver. La grande entreprise apparaît alors plutôt comme un choix par défaut, permettant de sécuriser un début de parcours et de s’assurer une meilleure employabilité pour la suite. » – APEC, Attractivité emploi PME, 2016 – site presse.apec.fr

La grande entreprise, un cadre rassurant mais offrant moins d’épanouissement personnel

Il semblerait que les petites entreprises « agiles » et promouvant le « bien-être au travail » soient de plus en plus privilégiées par les jeunes diplômés et concurrenceraient même les grandes entreprises et grands groupes internationaux. C’est ce que révèle un article paru en 2017 sur le site Focus RH, leader de l’actualité RH auprès des décideurs. La montée des PME dans les classements soulignerait « l’intérêt grandissant pour des structures qui promeuvent l’agilité et le bien-être au travail ».

Aujourd’hui, les « petites structures agiles qui prônent une forte culture entrepreneuriale » (Michel et Augustin, Blablacar, etc.) concurrenceraient les grandes structures internationales. Aussi, rappelons que l’étude de la CGE en 2017 ayant révélé que près de 40% des diplômés des Grandes écoles débutaient leur carrière dans une entreprise à moins de 250 salariés contraste avec le pourcentage de l’année précédente avec une hausse de 0,7 point. Cela viendrait alors bousculer les « idées reçues » qui voudraient que les jeunes diplômés « privilégient uniquement les grands groupes ». Les PME (comptant entre 10 et 249 salariés) seraient d’ailleurs devenues en 2017 « le premier employeur des diplômés des Grandes écoles avec 31,7% des embauches, devant les grands groupes (31,3%), les ETI (28,9%) et les TPE (8,1%). »

L’étude de l’APEC menée en 2016 auprès de jeunes diplômés révèle aussi que la grande entreprise offrirait certes un cadre « rassurant » mais ne favoriserait pas forcément « l’épanouissement personnel ». Malgré les perspectives d’évolution professionnelle, la rémunération, le côté prestigieux et la stabilité de l’emploi que peuvent offrir les grandes entreprises, elles ne susciteraient pas toujours la « passion » recherchée par de nombreux jeunes souhaitant se réaliser au travail. Les jeunes peuvent ressentir au sein de ces entreprises une compétition excessive, avec l’impression que « chacun doit mener son chemin seul, voire aux dépens des autres, s’il veut sortir du lot. »

Les jeunes peuvent aussi regretter la « lourdeur administrative » des grandes entreprises et une certaine « logique guidée exclusivement par le profit », leur paraissant incompatible avec leurs « valeurs humaines. » On comprend à travers l’étude de l’APEC que de nombreux jeunes diplômés seraient plus heureux dans un environnement professionnel dans lequel les conditions de travail favoriseraient le bien-être et la réalisation de soi. Selon l’étude, les grandes entreprises sembleraient parfois limiter la possibilité de reconnaissance individuelle pour les jeunes.

En outre, rappelons que les dirigeants des entreprises – et notamment des PME – peuvent d’ailleurs développer des actions consistant à œuvrer pour la qualité de vie au travail.

L’APEC rapporte que les PME apparaissent comme des entreprises où « l’ambiance est agréable », ce qui valorise fortement les PME.

 

Des conditions de travail favorisant l’épanouissement dans les PME : des entreprises « humaines », à « taille humaine »

« Ma première motivation est de travailler sur un projet qui me plaît. Ici, tout est moins compartimenté ; je peux m’intéresser à ce que font mes collègues en matière de big data ou de Web. J’ai plus de contact direct avec les clients, plus de responsabilités. Je me sens davantage reconnu. » – Témoignage de Matthieu, employé dans la PME Neoxia, paru dans Le Monde en 2017 – article lemonde.fr

 

Les PME favoriseraient la reconnaissance et le sens que donnent les jeunes diplômés à leur travail

Malgré la critique selon laquelle travailler dans une PME ne garantirait pas une stabilité de carrière, c’est pourtant précisément dans ces structures que « les jeunes diplômés ont le sentiment de pouvoir être le plus directement utiles, d’être reconnus pour ce qu’ils peuvent apporter, de participer de façon active à un projet et d’en profiter comme d’un tremplin pour accumuler une expérience riche et variée. »

Les PME offriraient aux jeunes l’opportunité de travailler pour une entreprise qui serait « plus respectueuse des valeurs personnelles et du sens donné à l’activité professionnelle » (APEC, 2016). Les jeunes diplômés en quête de sens ont aussi besoin de reconnaissance, ce qu’ils apprécient dans les PME. On leur donne davantage de responsabilités, ils se sentent davantage valorisés et utiles, et ce alors même qu’ils débutent.

L’article du Monde cité plus haut révèle que « Les PME offrent des débouchés qui correspondent aux valeurs des jeunes diplômés dont les aspirations ont changé. » L’attractivité des PME pour les jeunes diplômés est liée à la raison d’être de ces entreprises : l’APEC nous informe que « Plus que les grandes entreprises, les PME sont perçues comme animées par un projet fort, qui est et demeure au cœur de leur dynamique […] » Elles seraient appréciées pour la spécificité de leur histoire, leur expertise, leur créativité, etc. « Ce côté dynamique et créatif en fait un cadre stimulant pour des jeunes en début de carrière. ».

 

Des supérieurs accessibles, des horaires plus flexibles, une organisation plus libre

L’étude de l’APEC montre également que les jeunes diplômés travaillant dans les PME travaillent souvent avec des dirigeants à l’écoute, accessibles, dans un cadre favorisant l’autonomie, poussant à se réaliser, avec des missions à responsabilités. De plus, les PME favoriseraient d’une « certaine liberté d’organisation (même si on peut aussi travailler beaucoup) ». Les horaires sont plus souples et les jeunes diplômés relativement autonomes. En bref, pour les jeunes diplômés, « ces entreprises sont perçues plus humaines et à taille humaine ».

Il y aurait une certaine convivialité dans les rapports hiérarchiques, les supérieurs étant notamment (plus) accessibles au travers des échanges. Les enquêtés souligneraient la présence d’un partage des motivations, des valeurs, de la qualité des échanges, de la dimension solidaire des équipes de travail. La concurrence elle-même serait « saine », « une émulation reposant sur la reconnaissance des qualités… et des défauts de chacun ». Dans l’article du Monde susmentionné, l’associé de Neoxia, Jean-Baptiste Paccoud, témoigne par ailleurs des conditions de travail favorables pour les jeunes diplômés en PME : « Nous séduisons aujourd’hui les jeunes diplômés avec ce qu’une grande boîte n’est pas capable de leur donner : une entreprise à taille humaine avec un état d’esprit, une ambiance de travail, une organisation allégée de couches de management et de contrôle hiérarchique où ils se sentent plus libres. »

La start-up, « lieu de tous les fantasmes » ?

Malgré la fragilité économique de ces entreprises, les start-ups paraissent très appréciées des jeunes. Fraîchement créées, elles se caractérisent principalement par leur dynamisme selon l’APEC et par « une qualité de vie supposée meilleure que dans d’autres types d’entreprises » où les dirigeants favoriseraient un esprit jeune. Pour ces derniers, le bien-être des collaborateurs serait très important, ils partageraient aussi souvent les mêmes centres d’intérêt. Dans l’enquête de l’APEC, on peut trouver des exemples de conditions de travail favorisant le bien-être en start-up : « salle de sport dans les locaux de l’entreprise, baby-foot mis à disposition, etc. »

 

Évolutions de l’apprentissage, apparition de l’entrepreneuriat dans les cursus scolaires

« A quoi doit-on cette ferveur ? Sans doute aux évolutions pédagogiques misent en œuvre dans les écoles, comme la montée en puissance des formations par apprentissage. Le triptyque « étudiant-grande école-secteur professionnel » est une combinaison gagnante et favorise le rapprochement notamment avec les PME, tout en permettant aux entreprises de détecter des jeunes à fort potentiel. » Karine Darmon, rédactrice Focus RH, article paru en 2017 – site focusrh.com

 

La spécialité « entrepreneuriat » dans les cursus pourrait-elle aussi expliquer cet attrait pour les PME ?

Si la montée des formations par apprentissage amène les étudiants à se rapprocher des PME, notons également que l’entrepreneuriat – qui semble très en vogue en ce moment – pourrait aussi être un facteur d’explication à cette attirance pour les PME. En effet, depuis quelques temps, on peut observer un développement croissant de l’entrepreneuriat, qui semble séduire énormément. Focus RH s’appuie sur les chiffres de la CGE, révélant que 75% des Grandes écoles bénéficieraient de la spécialité « entrepreneuriat » et que 92% des écoles de management proposeraient même cette spécialité à leurs étudiants. L’article révèle que, quand bien même seulement deux écoles de management (Edhec et HEC) et certaines écoles d’ingénieurs comme l’École des Ponts ont été intégrées au grand campus de start-up parisien, la « station F », toutes cependant organiseraient des semaines consacrées à l’innovation à la créativité.

Les écoles répondraient aussi à l’appel à projets Disrupt’Campus, ayant pour objectif de « sélectionner des cursus de formation à l’entrepreneuriat et à l’innovation numérique en mode ‘’start up’’, associant étroitement des entreprises engagées dans des démarches de transformation numérique. » Toujours selon cette même source, notons enfin que si des diplômés viennent à créer une entreprise, ce critère est maintenant intégré dans les classements et enquêtes concernant l’insertion professionnelle.

 

Bien que les PME puissent paraître instables en termes économiques ou en termes d’évolution de carrière, elles semblent pourtant bénéficier d’un regain de vitalité, notamment auprès des jeunes diplômés, nombreux à apprécier le côté convivial, humain, dynamique, flexible et créatif de ces entreprises, favorisant la reconnaissance au travail et le sens que ces jeunes peuvent donner à ce dernier. Les évolutions en termes de formations étudiantes pourraient aussi favoriser, notamment au travers de spécialités modernes de type « entreprenariat », la proximité des étudiants avec les PME.

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.