Alors que les entreprises tentent, tant bien que mal, de résister aux quiet quitting et autres démissions en cascade, une nouvelle tendance vient bousculer le monde du travail : le conscious quitting. Que signifie ce nouveau phénomène et comment les entreprises peuvent-elles le contrer efficacement ?
Après le quiet quitting, le conscious quitting
La « démission consciente » est ce phénomène nouvellement identifié qui met les entreprises au défi. Dans une étude réalisée par Net Positive Employee Barometer et publiée par l’édition britannique de Stylist, on découvre ainsi que près des deux tiers des travailleurs britanniques souhaitent occuper un emploi ayant un impact positif sur l’environnement et la société. À tel point que si leur entreprise n’agit pas concrètement en faveur de l’environnement ou des droits humains, ceux-ci n’hésitent plus à en claquer la porte.
Alors que le marché du travail n’en finit pas d’être secoué par les nouvelles exigences des salariés, le conscious quitting est une tendance particulièrement révélatrice des attentes des actifs. Après le quiet quitting, cette « démission silencieuse » consistant à se limiter à sa fiche de poste sans s’investir davantage dans son entreprise, le conscious quitting traduit un comportement plus radical encore : celui de démissionner purement et simplement si les valeurs écologistes et humanistes ne figurent pas parmi les priorités de l’entreprise.
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Qui sont les actifs prêts à quitter leur emploi pour être en accord avec leurs valeurs ?
Les chiffres délivrés par le cabinet Net Positive Employee Barometer sont sans appel : 73 % des Américains et jusqu’à 76 % des Britanniques indiquent que la protection de l’environnement est un impératif pour accepter une offre d’emploi. 75 % de l’ensemble des nationalités interrogées estiment que l’égalité sociale est une priorité absolue. Plus éloquents encore, 35 % des personnes sondées affirment même accepter une baisse de salaire si cela implique le respect de leurs valeurs par leur employeur.
Sans surprise, la très engagée génération Z, dont nous écrivions un guide dédié au recrutement de ces digital natives il y a peu, celle des 18-24 ans, est très préoccupée par la question des valeurs. Très sensibilisés au dérèglement climatique et soucieux du respect des droits sociaux, les jeunes salariés apprécient tout particulièrement les entreprises qui s’investissent concrètement dans ces combats.
Néanmoins, les jeunes diplômés fraîchement débarqués sur le marché du travail ne confirment pas réellement les résultats de ces sondages. En effet, le désamour ne semble pas se confirmer si l’on en croit un récent sondage Ifop pour le JDD à propos des entreprises plébiscitées par les jeunes diplômés.
Pour l’heure pour les géants pétroliers, le transport aérien ou les opérateurs de croisières figurent encore en haut des classements. Idéalistes, mais pas moins réalistes, les jeunes diplômés cherchent à se bâtir une carrière et accéder à des postes rémunérateurs, le conscious quitting se manifestant comme un contre-coup quelques années plus tard plus qu’un rejet pure et simple des offres d’emploi.
En milieu de carrière, alors qu’ils jugent leur parcours professionnel satisfaisant, de nombreux salariés décident de prendre un virage pour se rapprocher des causes qui leur tiennent à cœur. Moins soucieux de jouir de fonctions au salaire élevés et plus regardant sur la politique environnementale et sociale de leur entreprise, les actifs de 35 à 40 ans n’hésitent plus à démissionner et à mettre leur expérience en avant pour décrocher un emploi qui respecte davantage leur sensibilité. Ce phénomène est notamment palpable chez les ingénieurs et de plus en plus de commerciaux. Face à ces exigences non négociables, que peut répondre le monde de l’entreprise ?
Comment l’entreprise peut-elle réagir face au conscious quitting ?
Empêcher le départ de collaborateurs expérimentés, déçus par le manque d’actions concrètes de leur entreprise en faveur de l’environnement ou des droits humains nécessite un travail de longue haleine pour revoir l’ensemble du business modèle, la stratégie de l’entreprise et sa politique RH. Pour réagir efficacement au conscious quitting et limiter le turnover, deux axes doivent être priorisés par les entreprises : la décarbonation et l’ancrage de la politique RSE.
Faire évoluer le business modèle vers la décarbonation
Les entreprises dont le secteur d’activité contribue à aggraver la crise environnementale sont les moins susceptibles de fidéliser leurs talents et d’en attirer de nouveaux en ce début de siècle. L’urgence de la situation actuelle impose de revoir en profondeur le business modèle. Plusieurs d’entre elles ont ainsi fait le choix de modifier leur business modèle pour avancer concrètement vers la décarbonation.
C’est le cas de certaines grandes entreprises, comme Danone, qui, à la suite de l’Accord de Paris sur le Climat a lancé un plan réformant ses modes de productions dans le but d’atteindre zéro émissions nettes sur l’ensemble de sa chaîne de valeur d’ici 2050. Cette révision totale de ses modes de productions concerne aussi bien ses exploitations agricoles que le traitement des emballages, en passant par la fabrication des produits. Conscients, notamment, des problèmes posés par l’industrie du lait et la consommation des pots en plastiques, les décideurs de l’entreprise veulent ainsi pérenniser le système économique de l’entreprise pour qu’il reste tenable dans les décennies à venir.
S’engager sur la voie de l’économie verte peut se faire via différents chemins : diversification de ses activités, changement de son mode de production ou réduction significative de son empreinte carbone. Ce troisième choix est plébiscité par un nombre croissant d’entreprises qui y trouvent également un avantage économique à court terme. C’est par exemple le cas du Laboratoire CDM Lavoisier qui a remplacé ses chaudières pour réaliser une diminution de 20 % de son empreinte carbone. Une stratégie également adoptée par Haribo qui a opté pour un récupérateur de chaleur lui permettant de s’affranchir du gaz et des énergies fossiles.
À travers leurs actions en faveur de l’économie verte, ces entreprises cherchent à bâtir un modèle durable, au prix d’une migration d’un système de profit vers un système hybride, combinant rentabilité, durabilité et respect de l’environnement. Ces efforts s’inscrivent sur le long terme et toute les entreprises ne peuvent se métamorphoser en entreprise à mission du jour au lendemain. Cela nécessite l’élaboration d’une stratégie précise, réaliste et de choix permettant de conserver la réalisation de bénéfices tout en s’inscrivant dans la décarbonation.
L’ancrage de la politique RSE
Fidéliser ses meilleurs talents et lutter contre le conscious quitting signifie aussi avoir une politique RSE bien ancrée et cohérente. L’enjeu de la parité, l’inclusion des personnes handicapées ou la création d’un environnement de travail écologique et sain font partie de ces actions concrètes que les entreprises peuvent mener pour impliquer leur collaborateurs dans leurs missions en faveur de l’environnement et des droits sociaux. Les aspects de la politique RSE d’une entreprise peuvent être tangibles après avoir franchi le seuil de son siège social.
C’est le cas du groupe Le Duff dont le siège, situé à Rennes, a été entièrement conçu en vue de respecter les normes environnementales et proposer un cadre sain aux 300 salariés qui y travaillent. Le groupe Le Duff a notamment opté pour un système permettant une économie d’énergie de 15 %, grâce aux installations et à l’engagement des utilisateurs du bâtiment.
D’autres actions concrètes peuvent être menées au sein même des locaux fréquentés par les collaborateurs comme :
- la mise à disposition, gratuitement, de distributeurs de protection hygiéniques féminines biologiques,
- la pratique de solutions anti-gaspillage dans les cantines, des système de tri et de réduction de déchets,
- l’installation d’un composteur collectif,
- l’installation d’aménagements pour les collaborateurs souffrant de handicaps,
- ou encore le choix de matériel et de fournitures reconditionnées quand cela est possible.
Les possibilités d’actions sont vastes mais toutes ne peuvent trouver de réelle crédibilité aux yeux des collaborateurs que si elles s’inscrivent dans une stratégie globale cohérente en accord avec les principes de l’économie verte et de la protection des droits humains.
Bien sûr, les entreprises mettant en œuvre des actions concrètes dans le cadre de leur politique RSE doivent communiquer au maximum sur leurs engagements et invitent leurs collaborateurs à prendre part aux différentes missions proposées. En plus de promouvoir une politique RSE solide et efficace, il est important de sonder régulièrement les salariés pour mieux comprendre leurs attentes et améliorer ainsi l’ensemble de la politique RSE.
En réalité, le phénomène du conscious quitting est une opportunité pour les entreprises de repenser leur business modèle en profondeur et d’améliorer leur politique RSE. Cette nouvelle vague de turnover doit également sonner comme un signal d’alarme pour les entreprises qui n’auraient pas encore fait le choix de revoir leur système économique ou leurs engagements pour s’engager sur la voie de l’économie verte et de la défense des droits humains.
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