Emploi, Tendances RH

Travail à temps partiel : un facteur d’inégalité entre femmes et hommes ?

Si les femmes ont aujourd’hui largement accès au marché de l’emploi (et heureusement !), de grandes inégalités subsistent encore en…

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Si les femmes ont aujourd’hui largement accès au marché de l’emploi (et heureusement !), de grandes inégalités subsistent encore en France. Différences salariales à poste équivalent (à temps de travail équivalent, elles touchent 17 % de moins que les hommes), précarisation des foyers monoparentaux, surreprésentation dans les métiers à temps partiel… et la liste est encore longue. Le travail à temps partiel en est d’ailleurs une représentation importante qui illustre l’inégalité entre les femmes et les hommes. On vous explique.

Travail à temps partiel : une situation qui concerne les femmes en premier lieu

Revenons un moment aux fondamentaux. Un salarié à temps partiel est celui dont la durée du travail, obligatoirement mentionnée dans son contrat de travail, est inférieure à la durée légale du travail (35 heures par semaine), et généralement supérieure à 24 heures hebdomadaires (bien que de nombreuses spécificités existent). C’est l’employeur qui décide la mise en place du temps partiel dans l’entreprise, en tenant compte, le cas échéant, des règles fixées par une convention ou un accord collectif. Toutefois, le choix individuel du salarié pour le temps partiel doit être pris en considération. Ainsi, le passage d’un temps plein à un temps partiel ou inversement constitue une modification du contrat de travail qui doit être acceptée par le salarié. Le refus par un salarié d’accomplir un travail à temps partiel ne constitue ni une faute ni un motif de licenciement. 

Le travail à temps partiel peut être organisé sur la semaine, sur le mois ou sur l’année, et on distingue deux types de temps partiel :

  • Le temps partiel contraint : il s’impose au salarié et concerne généralement une main-d’œuvre ouvrière et employée, surreprésentée dans les professions féminisées.
  • Le temps partiel choisi et accordé au salarié à sa demande : là aussi, il est plus fréquent chez les femmes et chez les non-cadres des métiers mixtes et à prédominance féminine. Les motivations sont diverses, mais peuvent être liées à une reprise d’étude, un autre emploi en parallèle, à l’éducation d’enfants en bas âge, ou à un choix familial lié à l’activité du conjoint.

Toutes les études montrent que le temps partiel touche davantage les femmes et contribue à baisser leur rémunération par rapport à celle des hommes. Les femmes représentent aujourd’hui 50,4 % du salariat et leur nombre augmente dans la plupart des secteurs économiques. Pire : depuis 40 ans, les femmes occupent huit emplois à temps partiel sur dix, en général des postes peu qualifiés et faiblement rémunérés. Le temps partiel, largement féminisé, empêche donc aux femmes d’accéder à des carrières longues et entretient une inégalité constante entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.

Les enjeux du travail à temps partiel pour les femmes…et les hommes

Les enjeux du temps partiel pour les femmes

Alors que 82 % des salariés à temps partiel sont des femmes, cette situation a un impact direct et concret sur leur situation personnelle. En effet, qui dit temps partiel, dit aussi salaires partiels, promotions limitées, moins de cotisations pour les retraites, et une grande amplitude horaire pour une flexibilité maximum. Selon les secteurs d’activité, les temps partiels peuvent imposer aux femmes de travailler très tôt le matin et très tard le soir, pendant les week-ends ou les jours fériés, etc. C’est notamment le cas dans les services à la personne, le nettoyage, ou encore le commerce de détail. 

Une étude du ministère du Travail souligne que 30 % des femmes déclarent être à temps partiel faute d’avoir trouvé un emploi à temps plein.

Parmi les 70 % restantes, 33 % ont opté pour le temps partiel « pour s’occuper des enfants ou d’un autre membre de la famille », 16 % pour « disposer de temps libre ou faire les travaux domestiques » et 5,7 % pour des raisons de santé. Dans ce contexte, même si les femmes choisissent un temps partiel, le fait est que ce choix est souvent subi en raison de contraintes extérieures. C’est, par exemple, ce qui se passe en cas de manque de places d’accueil en garderie, ou dans les établissements sociaux et médico-sociaux, mais aussi en matière d’inégal partage des tâches domestiques qui impose aux femmes de devoir s’adapter en permanence, quand les hommes vont se concentrer sur leur carrière.

Les solutions pour lutter contre les inégalités dans le monde du travail

Les solutions doivent venir à la fois des pouvoirs publics, qui peuvent imposer des lois, restrictions et obligations, mais aussi des entreprises elles-mêmes qui peuvent prendre des initiatives privées afin d’aider les travailleurs à temps partiel. En 2018, le gouvernement avait présenté une série de mesures pour en finir avec les écarts de salaires injustifiés, en conclusion de la concertation sur l’égalité salariale. Certaines de celles-ci concernent d’ailleurs directement les salariés à temps partiel :

  • Davantage de droits à formation pour les salariés à temps partiel, qui sont en majorité des femmes : tous les salariés qui travaillent à mi-temps ou plus bénéficieront des mêmes droits sur leur compte personnel de formation que les salariés à temps plein. Les femmes représentent aujourd’hui 80 % des salariés à temps partiel : elles seront donc les premières bénéficiaires de ces nouveaux droits
  • Favoriser un meilleur équilibre des temps en valorisant les bonnes pratiques (gestion des temps, télétravail) et en examinant les modalités de prise des droits à congés maternité, paternité et parental sur la base des travaux d’expertise en cours.

La situation économique actuelle liée aux conséquences de la crise sanitaire depuis 2020 risque de favoriser encore le temps partiel, notamment subi, car une partie des actifs vont accepter de travailler quelques heures par semaine faute de mieux. Dans ce contexte, les entreprises peuvent donc se différencier en proposant des programmes spécifiquement conçus pour les travailleurs à temps partiel (prise en charge des frais de transport en soirée ou tôt le matin, formations supplémentaires, garderie d’entreprise, flexibilité dans les horaires de travail, etc.) afin d’en finir avec les inégalités entre les femmes et les hommes.

Crédit photo : Pexels

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.