“La construction et le secteur du BTP d’une manière générale fait mieux que la moyenne des autres métiers” déclarait Emmanuel Chion, directeur adjoint des statistiques à Pôle Emploi, dans une récente interview accordée au Parisien.
Toujours selon l’expert, Pôle Emploi publierait 25 000 nouvelles offres en moyenne par mois pour les travaux de gros oeuvre et le second oeuvre, soit un niveau d’offres équivalent à 2019. Porté par les projets du Grand Paris, des Jeux Olympiques 2024 mais aussi par la modernisation du réseau ferré et la rénovation des quartiers prioritaires, le secteur du BTP bénéficierait d’ici 2030 d’un investissement à hauteur de 139 milliards d’euros avec à la clé des dizaines de milliers d’emplois.
Comment soutenir l’activité du secteur bâtiment alors que les entreprises rencontrent de réelles difficultés à recruter du personnel qualifié ? Quels sont les enjeux de recrutement dans le secteur du BTP en 2020 ? Éléments de réponse dans cet article.
Une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée
Le gouvernement a lancé cet été le plan « 1 jeune, 1 solution » avec comme l’une des mesures phares, une aide financière aux entreprises recrutant des jeunes en apprentissage. Pour chaque apprenti recruté, l’entreprise bénéficie d’une aide de 5 000€ s’il est mineur, 8 000€ s’il est majeur, jusqu’à 29 ans révolu, quel que soit le niveau de diplôme. Alors que le nombre d’apprentis est en augmentation ces dernières années, il y a une crainte que la pandémie et la conjoncture économique très incertaine incitent les entreprises à la prudence et à réduire leur nombre d’apprentis, or la formation des jeunes est un impératif pour préparer l’avenir.
Les entreprises du bâtiment et des travaux publics connaissent une forte pénurie de main d’œuvre. Depuis de nombreuses années, pour faire face à cette carence et permettre la transmission du savoir-faire de nos compagnons, de nombreuses entreprises du secteur misent sur l’apprentissage. C’est un investissement pour assurer la pérennité de nos activités.
Les métiers du BTP sont peu valorisés, alors qu’un diplôme donne de bonnes perspectives vers un emploi durable et d’une évolution de carrière vers des postes à responsabilités (chef de chantier, conducteur de travaux, chef d’entreprise). Le secteur représente plus d’un million d’emploi dont 400 000 chefs d’entreprises, et une immense majorité de moins de 10 salariés.
Le BTP n’est pas une filière par défaut pour des élèves en difficulté au collège. C’est une filière ouverte à tous les profils, en réussite ou non dans la filière générale, femmes et hommes, permettant à chacun des perspectives de carrière. Il y a autant de parcours que d’apprentis, un jeune de 15 ans qui finit sa 3ème, un étudiant diplômé de l’enseignement supérieur en reconversion, un réfugié en France souhaitant apprenti un métier. Tous peuvent trouver leur place dans ce secteur.
Les acteurs du secteur, fédérations, CFA et entreprises se mobilisent pour susciter les vocations, du clip promotionnel de la fédération des travaux publics à la sollicitation d’un youtubeur.
L’apprentissage : un levier de recrutement et de fidélisation de profils très convoités
Pour répondre à nos forts enjeux de recrutement, nous valorisons l’apprentissage, dans tous nos métiers. UTB est une entreprise de bâtiment, très présente dans plusieurs régions françaises, l’Île de France, les Hauts de France, la Normandie, le Centre, la Bourgogne, et la région Rhône-Alpes. Avec nos 1200 salariés, nous sommes spécialisés notamment sur les métiers de la plomberie génie climatique et les métiers de l’enveloppe du bâtiment.
Depuis plus de 15 ans, c’est 10% de notre effectif qui est en contrat d’apprentissage sur tous nos métiers du CAP à l’ingénieur. C’est un véritable projet d’entreprise. Cette année encore, nous avons d’ailleurs recruté près de 50 apprentis à la rentrée du mois de septembre. Chez UTB, 2 apprentis sur 3 restent dans l’entreprise à l’obtention de leur diplôme pour continuer une nouvelle formation en alternance ou en contrat à durée indéterminée.
Si l’apprentissage concerne principalement les métiers du bâtiment au sein de l’entreprise, nous pouvons aussi recruter en apprentissage dans nos fonctions supports (comptabilité, ressources humaines, logistique…).
Chaque jeune est encadré par un maître d’apprentissage formé et dont la mission est valorisée par l’entreprise. Les tuteurs sont l’un des éléments les plus importants de la réussite des apprentis. C’est un investissement important, ce n’est pas seulement transmettre un savoir-faire, mais aussi un savoir-être nécessaire à sa bonne intégration dans le monde du travail. Il est fréquent que des apprentis deviennent quelques années plus tard, maîtres d’apprentissage à leur tour.
Des défis nous attendent demain. De la rénovation de nos plus beaux monuments comme la Cathédrale Notre Dame aux chantiers du Grand Paris et des Jeux Olympiques. Nous devons former les équipes qui réaliseront ces chantiers, des ouvriers aux ingénieurs.
Quand la quasi-totalité des secteurs ont cessé de recruter, voire s’apprêtent à licencier, le bâtiment et les travaux publics manquent de bras ! Et sont prêts à accueillir sur leurs chantiers les chômeurs de demain.
Les profils en reconversion sont les bienvenus dans le secteur du bâtiment
Le constat est sans appel : recruter dans certains métiers très qualifiés du secteur de la construction et du BTP est de plus en plus compliqué. La reconversion de jeunes diplômés ou de salariés d’autres secteurs pourrait être une solution pour palier les difficultés du recrutement du secteur. Ainsi, l’arrivée sur le marché de l’emploi de salariés issus du monde ouvrier pourrait constituer une opportunité pour les entreprises du BTP « on va avoir des adultes motivés, des hommes et des femmes. Ça vaut le coup pour l’employeur de s’engager dans la durée », explique Benoît Labrunie, chargé de mission à la Capeb (Chambre des artisans du bâtiment) de la Vienne, qui souligne également l’intérêt des nouveaux métiers offerts dans l’éco-rénovation, les énergies, dans un récent article la Nouvelle République.
Sentiment partagé par Jérôme Beaujaneau, président de la Fédération du bâtiment de la Vienne (FFB), « il y a dans les usines des ouvriers et des cadres compétents, qui ne demandent qu’à apprendre un autre métier. Certains ont même déjà de solides notions de gestion : ce sont peut-être les repreneurs de demain pour nos entreprises », déclare-t-il dans le même article.
Face aux nombreux plans sociaux qui se profilent dans les autres secteurs d’activité, celui de la construction et du bâtiment constitue une solution certaine pour les salariés désireux de s’engager vers une nouvelle aventure professionnelle.
Si cet article vous a plu, je vous invite à télécharger le chapitre de notre livre blanc « les outils permettant d’améliorer la qualité du recrutement » ou à nous contacter directement.
Article co-écrit avec Pierre Basdevant, Administrateur au réseau BTP CFA Ile-de-France et Chargé des Ressources Humaines chez UTB,
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