Manager est parfois tout autant un art qu’une science. Parce que les managers sont en première ligne face à leurs équipes, la manière dont ils se comportent, ce qu’ils communiquent, comment ils agissent et gèrent leurs projets peut tout changer. Toutes les personnes qui accèdent à des postes de managers, que ce soit dans le secteur privé ou public, ne viennent pas d’une école de management, ou n’ont pas toutes suivi une formation dans ce domaine. C’est pourquoi la question se pose : une formation managériale obligatoire est-elle pertinente pour mieux gérer équipes et projets ? Éléments de réponse dans cet article.
Manager : un rôle de chef d’orchestre qui nécessite une formation
Manager est un rôle qui est à la fois pratique, pour faire avancer des projets et gérer une équipe, mais aussi symbolique, pour donner du sens, expliciter la raison d’être de l’entreprise, décliner la stratégie en objectifs concrets et insuffler un vent de collaboration. Pour y parvenir, le manager ne peut pas toujours compter sur ses propres expériences et formations. Une étude souligne ainsi que 28% des managers ont appris à manager une équipe en suivant leur instinct, 24% par leurs collègues, 20% par leurs lectures et recherches, 13% par leur entreprise et 5% par leurs études.
Pour aller plus loin, le sondage OpinionWays sur « L’état de l’art du management » révèle ainsi que 59% des managers n’ont pas le statut de cadre et que près de la moitié des managers (46%) n’ont pas demandé à le devenir. Dans ce contexte, sans formation managériale, il peut être difficile de répondre aux attentes des salariés qui veulent davantage de bienveillance, de disponibilité et d’empathie. Autant de soft skills indispensables qui viennent apporter de l’huile à des rouages organisationnels parfois difficiles à faire bouger.
L’intelligence émotionnelle : un pilier clé d’un management réussi
Un manager accompli est un manager agile. C’est-à-dire une personne capable de s’adapter aux nouvelles situations. Cela signifie qu’il est en mesure de prendre des décisions dans des situations complexes, d’analyser les problématiques avec pertinence, de peser le pour et le contre afin d’avoir la meilleure approche bénéfice/risque et d’assumer ses choix. Ce travail repose essentiellement sur ses soft skills. C’est-à-dire son savoir-être qui comprend notamment l’intelligence émotionnelle et culturelle, l’écoute active, la prise de risque et la capacité à gérer ses émotions et celles des autres. Parce qu’on ne manage pas des individus comme des systèmes ou des structures, il faut avoir conscience de ses propres émotions, de leur impact sur soi et sur les autres afin d’exercer un management bienveillant et utile pour :
- prendre des bonnes décisions qui doivent être stratégiques, pertinentes et surtout intervenir au bon moment. L’hésitation est naturelle dans certains cas, mais la tergiversation peut être dangereuse. Si on a confiance en soi, en son équipe, et si on est certain d’avoir compris et intégré ses émotions et celles des autres, la prise de décision sera rapide et sereine.
- mener à bien sa stratégie. Le travail et la cohésion de l’équipe rendent la réflexion plus claire, plus innovante et plus facile à communiquer.
- construire des alliances durables, que ce soit en interne avec une équipe de direction, un syndicat ou une business-unit, ou à l’externe avec un partenaire, un fournisseur, des influenceurs ou toute autre partie-prenante.
- mener des négociations pour obtenir un meilleur prix avec un vendeur ou un fournisseur, pour accompagner le changement, pour négocier avec un conseil d’administration ou un groupe de salariés. L’intelligence émotionnelle est indispensable pour décoder les sentiments des autres, anticiper leurs actions et leurs pensées, et favoriser l’écoute et la prise de décision.
- anticiper des problèmes qui peuvent survenir en faisant confiance à ses équipes, en prenant le temps d’échanger avec elles, et en étant attentif aux microsignaux comportementaux qui peuvent souligner un défi à surmonter ou un questionnement à envisager.
- faire passer des messages et savoir convaincre dans toutes les situations. La vie de l’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille, mais l’intelligence émotionnelle atténue considérablement les moments difficiles.
Rendre obligatoire la formation managériale : un pari osé ?
Contrairement à des métiers techniques où les travailleurs requièrent certaines certifications, il n’y a pas de passage obligatoire pour devenir manager. Or, un manager toxique peut engendrer des dégâts considérables dans son service en raison de sa personnalité, du stress, de son manque d’intelligence émotionnelle, et de sa manière de fonctionner. Une formation obligatoire pour devenir manager est donc un pari osé, car cela impose aussi des indicateurs de performance à identifier. À partir de quand peut-on dire qu’un manager est prêt ? Quels sont les critères ? Sont-ils les mêmes d’une entreprise à l’autre ? Ce sujet est prégnant dans les entreprises privées, mais la fonction publique n’est pas en reste. C’est ainsi que dans le cadre de la transformation de la fonction publique, une formation au management sera désormais obligatoire pour tout agent accédant à des fonctions d’encadrant. Peut-être une bonne idée à appliquer au secteur privé également ?
Cette question revient donc directement aux directions des ressources humaines. Imposer une formation managériale peut ainsi être vu comme un gage de qualité au sein des entreprises. C’est un moyen d’accompagner la gestion des carrières, de fidéliser ses équipes et de proposer des évolutions à forte valeur ajoutée dans le cadre d’un contrat gagnant-gagnant. Si le manager est mieux formé avec des connaissances remises au goût du jour, il sera plus à même de réussir dans sa mission et d’entraîner avec lui ses équipes. Investir dans l’accompagnement des managers est ainsi tout aussi important pour les entreprises – sinon plus – que tous les autres sujets RH comme la marque employeur, le recrutement, ou la fidélisation des équipes.
Plutôt que d’attendre d’éventuelles obligations de la part des pouvoirs publics, les entreprises qui investissent dans la formation managériale sont souvent celles qui ont conscience de l’importance de la gestion du capital humain. Une formation seule ne suffira toutefois pas, dans un environnement hyperconnecté qui évolue très vite. En intégrant une politique offensive de formation continue, et ce, de manière régulière, les managers disposeront de toutes les qualités pour s’épanouir pleinement au service de leur entreprise.
Crédit photo : unsplash.com
Ebook : Le recrutement, une responsabilité partagée !
Sans langue de bois, voici les situations fréquemment rencontrées et les pistes de solutions proposées.