Marque employeur

Difficultés de recrutement : quand les entreprises créent leurs propres écoles

Selon l’enquête Besoins en Main-d’œuvre (BMO) 2019 de Pôle Emploi, plus d’un recrutement sur deux est déclaré difficile par les…

6 min

Selon l’enquête Besoins en Main-d’œuvre (BMO) 2019 de Pôle Emploi, plus d’un recrutement sur deux est déclaré difficile par les recruteurs.

Dans le sourcing, il arrive parfois que l’on tombe face à une impasse. Lorsque beaucoup d’alternatives ont été essayées, et que les résultats restent mitigés, les entreprises prennent parfois le taureau par les cornes : elles créent leurs propres écoles. Comment ces entreprises s’y prennent-elles ?

Dans cet article, explorons le phénomène des écoles d’entreprises !

1)     Pourquoi créer sa propre école ?

Selon une enquête Manpower 2018, le manque de candidats est la première cause de difficulté de recrutement invoquée.

L’école d’entreprise constitue une réponse puissante face à une pénurie de compétences, et renforce sa marque employeur

Le point de départ d’une école de formation interne est souvent la pénurie de candidats. Dans un contexte socio-économique où le chômage devient bas dans certaines régions, couplé à une flexibilité accrue du marché, la recherche de professionnels qualifiés peut parfois devenir compliquée. Ainsi, la seule solution reste de former des nouveaux candidats. Cependant, ce n’est pas la seule raison qui peut pousser à créer son école de formation. Les métiers pour lesquels l’entreprise forme peuvent aussi être trop spécifiques pour les diplômes disponibles sur le marché. C’est le cas, par exemple, pour certains métiers qualifiés de l’industrie. D’autres secteurs de la construction plus spécifiques peuvent aussi avoir cette problématique, comme la construction bois, par exemple. Enfin, ajoutons à cela que la création d’une école renforce considérablement sa marque employeur et donc son attractivité.

2)     Formation interne au cas par cas : le premier cap

54% des entreprises en France souhaitent renforcer l’offre de formation et de développement de carrières pour surmonter les difficultés de recrutement, soit la stratégie la plus adoptée par les entreprises !

Pour fonder son école, inutile de voir grand : commencer par former au cas par cas

Quand on parle d’école d’entreprise, on imagine volontiers un campus gigantesque, avec des promotions de dizaines de candidats, voire parfois des centaines ! Cependant, il est inutile de voir en grand ce que l’on peut commencer en petit. Dans le cas des ETI et des PME, l’école d’entreprise peut simplement consister à former en interne chaque nouveau poste. Dans ce cas, le processus est simple dans ses étapes. Le recrutement est fait au préalable sur la base de la motivation et les compétences comportementales. Une fois que le candidat est recruté, il est formé pendant un temps déterminé sur son poste, par une ou deux personnes en interne. La plupart du temps, ce format d’école suffira pour répondre à la demande.

3)     Les écoles de formation : quand l’école devient une académie

36% des entreprises déclarent revoir leurs exigences en matière de diplôme ou d’expérience en cas de difficulté de recrutement.

La création d’académies est historiquement présente chez certains grands groupes

Historiquement, ce sont certains grands groupes qui ont commencé à proposer des écoles de formation internes plus conséquentes. Beaucoup appartiennent au monde industriel : Airbus, Safran, Peugeot, ou encore Renault : toutes ont proposé leur vision de l’école « académie ». Cependant, les écoles d’entreprise ne sont pas réservées qu’à ce secteur. Le groupe d’hôtels Accor a aussi proposé un réseau de formation à ses métiers dans l’hôtellerie-restauration, secteur encore en tension aujourd’hui. D’autres entreprises ont proposé des écoles davantage basées sur les compétences, et non spécifiquement sur les métiers. Orange, par exemple, a langé en 2014 la « Digital Academy », une école proposant aux collaborateurs de les sensibiliser et de les former aux problématiques digitales de l’entreprise. L’objectif de ce programme était de prendre la problématique de la numérisation de l’entreprise dans sa globalité, pour une organisation 100% digitalisée.

4)     Par où commencer pour créer sa propre école ?

Selon un rapport France Stratégie 2019, seul un quart des entreprises s’engagent dans une stratégie de gestion des compétences sur le long terme.

La création d’une école doit être le fruit d’une démarche rationnelle avec estimation des investissements nécessaires

Avant tout, il est nécessaire de se poser la question de ses besoins : pourquoi créer une école ? Est-ce la seule option pour l’objectif que l’entreprise s’est fixé ? Même s’il existe différents degrés de mode d’organisation pour y parvenir, une école représente toujours un investissement. Comme évoqué précédemment, dans sa forme la plus élémentaire, l’école demandera au moins de consacrer un poste de l’entreprise à des missions de formations : poste qui aura donc une part d’activité directe en moins à son arc. Il représente donc toujours un léger sacrifice à court terne pour un bénéfice à moyen terme, voire à long terme.

Pour prendre cette décision et vous accompagner dans la création d’une école, il ne faut pas hésiter à s’entourer d’acteurs compétents. Le rapprochement avec son OPCO (anciennement OPCA) est le premier pas le plus évident : il pourra vous aider à choisir votre format d’école, et le contenu des formations, pour qu’il soit complémentaire à ce qui existe déjà en matière d’offre. D’autres acteurs peuvent également intervenir dans le processus, comme certaines entreprises spécialisées dans l’accompagnement à la création d’académies d’entreprise. Ici, le coût est plus important, mais peut en valoir la chandelle si le projet d’école est ambitieux.

L’école d’entreprise est un investissement, mais est parfois la seule réponse à des problématiques d’attractivité ou de pénurie de compétences. Beaucoup d’exemples existent, mais ne doivent pas être source de benchmark superficiel : une entreprise voulant fonder sa propre académie doit avant tout déterminer ses propres besoins, et la façon d’y répondre.

Si cet article vous a plu, je vous invite à télécharger notre livre blanc « Les outils permettant d’améliorer la qualité (efficacité et efficience) du recrutement » ou à nous contacter directement.

Donner votre avis

En commentant, vous acceptez notre politique de confidentialité

À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.