Expérience Candidat

Le Slasheur, ce salarié qui collectionne les expériences !

Les slasheurs sont 4,5 millions en France et représentent 16% des actifs d’après l’étude du Salon des Micro-entreprises (SME) de…

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Les slasheurs sont 4,5 millions en France et représentent 16% des actifs d’après l’étude du Salon des Micro-entreprises (SME) de 2015 !

Le slasheur doit son nom à la traduction anglaise de la barre oblique « / », le slash, symbole de pluralité et des possibilités multiples. Le terme s’applique à la population grandissante de travailleurs qui multiplient les activités professionnelles : secrétaire et traducteur, mannequin et designer, architecte et enseignant, etc., autant de combinaisons possibles qu’il n’y a de centres d’intérêt sur Terre. Cumuler plusieurs emplois n’est pas nouveau, cependant l’ampleur du phénomène et la popularisation du terme « slasheur » ces dernières années, montrent une évolution socio-professionnelle du monde du travail déterminante pour les années à venir.

Bien que les générations Y et Z soient fortement concernées par cette évolution grâce à leur affinité pour les nouvelles technologies, il s’agit en fait d’une tendance multi-générationnelle qui permet de rebondir plus facilement dans le contexte économique actuel. Dans cet article, le portrait-robot du slasheur professionnel !

Le slasheur profite d’un environnement économique propice à la pluri-activité

D’après le cofondateur de Talentsoft, Alexandre Pachulski, « la tendance à la personnalisation du travail devrait toucher toutes les entreprises et tous les types de profils ! »

Le slasheur propose une réponse directe au contexte actuel

Tout d’abord, le contexte économique instable a mis à mal la confiance des acteurs du monde du travail dans le système actuel. Il est de mise d’adopter une attitude prudente en évitant par exemple de mettre tous ses œufs dans le même panier. La flexibilité devient de plus en plus essentielle à la réussite professionnelle.

D’autre part, les formes de communication digitalisées favorisent la coordination des différentes activités : le télétravail permet de personnaliser la gestion de sa charge de travail et de l’adapter en fonction de ses disponibilités. Par ailleurs, les plateformes d’hébergement de sites offrent une plus grande visibilité et les réseaux sociaux favorisent une publicité à moindre frais. Comme le précise Alain Bosetti, Président et créateur du Salon des Micro-entreprises, « la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle s’estompe, favorisant la pluri-activité ».

À cela s’ajoute une facilitation des démarches juridiques pour la création d’entreprise grâce au statut d’auto-entrepreneur : en quelques clics, il devient légal de générer un revenu complémentaire sans la nécessité de disposer de compétences poussées en comptabilité.

Enfin, il ne faut pas oublier un facteur culturel très présent : nous vivons à une époque où il est important de se réaliser et de s’épanouir à tous les niveaux de sa vie, de plus en plus de coachs en développement personnel invitent à prendre sa vie en main, à réaliser ses rêves sans avoir peur de l’échec. Dans cette optique, la responsabilité de la réussite de chacun repose sur ses propres épaules et les français n’hésitent plus à se lancer dans plusieurs activités simultanément !

Le slasheur, fer de lance du dynamisme entrepreneurial ?

D’après une étude de l’Insee, les créations d’entreprise ont augmenté de 7% en 2017, le plus haut niveau depuis 2010 !

Une nouvelle définition du travail

Dans cet environnement socio-économique en pleine mutation, la popularité du slasheur prend tout son sens dans la mesure où ce statut permet de s’ouvrir à de nouvelles opportunités professionnelles tout en limitant les éventuelles répercussions financières sur son mode de vie.

Qu’il soit jeune actif à la conquête du monde (d’après l’étude du SME, 22% des jeunes actifs cumulent au moins deux activités professionnelles), quadragénaire en pleine remise en question ou futur retraité souhaitant compléter sa retraite, le slasheur s’assure un revenu supplémentaire qui dépend de son investissement personnel, il contre-balance l’apparente insécurité de son statut en multipliant les opportunités.

Les nombreux actifs (toutes générations confondues) en quête de réalisation personnelle y trouvent également leur compte. En effet, le slasheur peut s’assurer d’un côté une sécurité financière par le biais d’un job alimentaire, et de l’autre se risquer à un métier moins lucratif en lien avec sa passion pour mettre à profit des compétences sous-exploitées, augmenter sa satisfaction au travail ou donner un sens à sa vie professionnelle.

Le slasheur peut profiter de son statut de façon provisoire dans le but d’amorcer une réorientation en douceur (cela concerne environ 7% des slasheurs d’après l’étude du SME). L’auto-entreprise lui permet de tester ses idées sur le marché ou de se créer une clientèle solide avant de consolider le projet initial en activité principale. Il ne s’agit plus de faire un grand saut dans le vide mais d’adopter une approche progressive afin de limiter les pots cassés et d’éviter les erreurs de parcours.

Quelle place en entreprise pour ces profils aux capacités multiples ?

« Le seul endroit où le succès précède le travail est dans le dictionnaire » Vidal Sassoon

Le slasheur tend vers l’optimisation de ses compétences

Afin de concilier ses différentes activités professionnelles, le slasheur doit constamment se réinventer et développer des compétences en réponse aux exigences professionnelles actuelles. Si l’on peut craindre que le cumul des charges de travail soit source de fatigue ou encore de manque d’implication, on peut au contraire trouver plusieurs avantages à la diversification des tâches.

D’après l’étude du SME, 64% des slasheurs le deviennent par choix, ainsi, un tel profil est révélateur d’une personnalité énergique et impliquée professionnellement.

Dans une autre mesure, un bon slasheur devra faire preuve d’une capacité d’organisation à toute épreuve pour coordonner ses différentes responsabilités. Il cherchera à optimiser la gestion de son temps de travail en mettant à profit les compétences que chaque emploi lui apporte par un système de vases communicants. Le travail en autonomie et la prise d’initiative sont ainsi facilités par une confiance accrue dans sa capacité à prendre les choses en mains, tandis que l’adaptabilité et la flexibilité sont les maîtres-mots de son mode de vie.

Autant de qualités qui pourraient séduire une entreprise dynamique en quête d’un profil autonome et adaptable. Les entreprises se retrouvent ainsi face à un défi de taille : s’adapter aux slasheurs en leur proposant un espace de travail favorable à la flexibilité exigée par ce statut particulier.

Face à l’émergence de profils de slasheurs, notamment au sein des travailleurs issus de la génération Z, l’entreprise devra adapter son organisation du travail en proposant plus de flexibilité et d’autonomie à ces employés « multi-fonctions » !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.