Bien être et motivation au travail

Quelle place pour l’enthousiasme en entreprise ?

Dans un contexte où les questions économiques, politiques, sociales et sanitaires impactent fortement les entreprises, quelle place accorde-t-on à l’enthousiasme…

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Quelle place pour l’enthousiasme en entreprise ? De nos jours, on entend souvent parler de la notion de bien-être au travail, voire même de « mieux-être ». Bien que cette idée se démocratise, elle ne semble pas suffire.

Aujourd’hui, on s’interroge sur la notion d’enthousiasme en entreprise : celle qui fédère, soude les équipes et donne du sens aux projets. Or, dans un contexte où les questions économiques, politiques, sociales et sanitaires impactent fortement les entreprises, quelle place accorde-t-on à l’enthousiasme au sein de ces dernières ? Peut-on rendre « contagieux » son propre enthousiasme auprès de ses équipes ?

Dans cet article, on discutera notamment les façons de véhiculer ce sentiment auprès de ses collaborateurs en quête de sens et de liberté.

L’enthousiasme en entreprise au regard de la conjoncture actuelle

La notion d’enthousiasme éprouvée par les différentes crises

En 2011, l’enthousiasme au travail constituait déjà un réel défi pour les entreprises, et le manque de positivité liée à la crise économique suscitait leur inquiétude : « Les managers euphoriques des années 1990 se sont transformés en urgentistes chargés de contenir au maximum le stress de leurs équipes. ‘‘Ils passent plus de temps à gérer des émotions négatives qu’à susciter des sentiments positifs’’, déplore Anne Cherret de La Boissière, coach au cabinet Comundi. Ce n’est évidemment pas en parlant restrictions et sauvegarde de l’emploi qu’on motive une équipe. » (Article Capital, 2011) 

Dix ans plus tard, la crise sanitaire liée à la Covid-19 se joint aux crises sociales et économiques, venant complexifier les défis des entreprises et managers. « La somme des contraintes à respecter à titre individuel et collectif a mis la société à bout de souffle, rendant chacun d’entre nous littéralement épuisé par le manque de perspectives », déplorait Karine Duchatel dans Les Echos. Au niveau privé comme au niveau public, les travailleurs souffrent du manque d’interactions sociales et de l’ensemble des restrictions liées à la crise sanitaire. Livia Tomova, neuroscientifique, démontrait via une expérimentation réelle et des examens médicaux que notre cerveau avait « littéralement besoin de contacts sociaux, et qu’à défaut les individus se trouvent dans un état similaire à celui du manque », rapporte ce même article.

Le désengagement professionnel est fortement d’actualité et celui-ci impacte financièrement et humainement les entreprises, notamment au sein du management. Par ailleurs, la dynamique capitaliste prédominant au sein des entreprises pourrait affecter les liens collectifs et l’esprit d’équipe. 

« Confrontée à la concurrence […] l’entreprise s’est concentrée sur ses objectifs de productivité et de rentabilité et a négligé l’humain comme facteur clé de son fonctionnement et de concrétisation de ses stratégies. A force de restructurations, de procédures, de contrôles, à force de management hiérarchisé et déshumanisé, d’évaluations dénuées de sens, en l’absence de vision et d’objectifs clairement communiqués, l’entreprise a peu à peu privé le travailleur de ses besoins de reconnaissance, d’autonomie et de pouvoir d’action. » (Coherence Life, 2020)

(Re)créer du lien constitue donc un enjeu déterminant au sein des entreprises à l’heure actuelle.
La tâche est notamment difficile pour les managers, devant le mal-être de leurs équipes lié aux dégâts économiques et humains. 

Enthousiasme en entreprise et plus-value collective

Pour impliquer ses équipes, il ne s’agit plus de faire valoir l’idée de bonheur au travail en misant sur l’aptitude d’un collaborateur à être heureux, mais bien de réinvestir le collectif.

D’autre part, bien qu’un collaborateur peut être motivé par son travail parce qu’il lui apporte une plus-value sociale et financière, il n’est pas nécessairement enthousiaste pour autant. Or, le collaborateur enthousiaste apporterait une valeur ajoutée très importante en (re)créant du lien dans l’entreprise au niveau collectif.

« Ces dernières années les entreprises ont été exhortées à devenir de véritables temples du bonheur pour leurs collaborateurs. Condition sine qua non de la performance, le bonheur au travail est devenu un dogme, un passage obligé, une culture d’entreprise uniforme qui s’est répandue comme une traînée de poudre et qui se traduit en pratique par une logique du bien-être […] Or, si le jeu ou le plaisir ludique restent des moyens de dédramatisation, ils ne constituent nullement des sources de motivation pour l’action collective de l’entreprise. » (Les Echos, 2021).

Comment véhiculer de l’enthousiasme à ses équipes ?

Comment véhiculer de l’enthousiasme à ses équipes ?

Soyez vous-mêmes enthousiastes

Pour pouvoir réellement transmettre un sentiment d’enthousiasme et un certain dynamisme à ses collaborateurs, il faut d’abord être soi-même enthousiaste ! Il s’agit de garder foi en ses projets et d’être porté par le sens qu’on leur donne, malgré les difficultés auxquelles on peut faire face en tant que manager, DRH, recruteur… Même si vous échouez sur un projet, gardez en tête que cet échec n’est pas inutile en ce qu’il vous permettra de réfléchir au déploiement d’une nouvelle stratégie qui vous fera réussir par la suite. Par ailleurs, vous pouvez aussi célébrer vos succès auprès de votre équipe pour communiquer votre joie. 

Pour rester enthousiaste, misez sur l’organisation et sur votre « to do list » chaque début de semaine.
En planifiant vos tâches de la semaine et de la journée (veillez à ne pas avoir trop de tâches à la journée ou, à l’inverse, à ne pas en manquer) vous ne vous sentirez pas submergé. Vous serez d’ailleurs potentiellement disposé à être davantage productif, mais aussi satisfait lorsque vous cocherez une tâche. Vous aurez d’ailleurs une meilleure visibilité sur l’évolution de votre travail, ce qui vous aidera à rester dans une dynamique positive.

En revanche, n’oubliez pas qu’exprimer votre propre enthousiasme ne suffit pas forcément à provoquer celui des autres ! L’entrain que vous manifestez peut aussi parfois irriter vos équipes si leur état d’esprit se situe aux antipodes du vôtre, ainsi que le rappelle l’article du Capital : « Coach à la tête du cabinet Dynêsens, Francis Boyer l’a appris à ses dépens lorsqu’il était jeune cadre aux ressources humaines de l’Unédic : ‘‘Je débordais d’idées pour moderniser le service, au point que mon zèle a fini par agacer tout le monde !’’ » Si votre zèle est essentiel, il ne suffira donc pas à enthousiasmer vos troupes.

Impliquez, engagez vos équipes en quête de sens !

Afin d’enthousiasmer vos équipes, il est nécessaire de toujours penser collectif : ainsi, on vous recommandera d’entretenir des échanges réguliers et bienveillants avec vos collaborateurs. Vous pouvez organiser des déjeuners non formels et inviter vos équipes à discuter librement par exemple. Au sein du cabinet d’audit et de conseil Deloitte, on a aussi pu encourager les échanges par le biais d’un réseau Intranet dit collaboratif. 

Toutes ces initiatives collaboratives – on pense notamment au team building – auront pour but de générer des environnements engageants et des émotions partagées par les différents membres de l’équipe.

« Les moments d’enthousiasme peuvent revêtir plusieurs formes et être proposés à différentes phases du projet, mais l’objectif reste le même, susciter une émotion qui soude un collectif et relie les participants entre eux. Il peut s’agir de travailler sur un rêve commun, un storytelling authentique, sur le partage des valeurs et des convictions de l’entreprise pour donner envie à chacun de contribuer, d’avancer. » (Les Echos, 2021)

De même, afin d’engager vos troupes, il faudra adapter les missions aux profils de vos collaborateurs, à leurs compétences. Il s’agira donc de confier vos challenges aux plus téméraires, de dédier les missions de médiation aux spécialistes de la communication, etc.

Enthousiasme en entreprise : favorisez l’esprit d’initiative et de liberté de vos collaborateurs !

Depuis la crise sanitaire, les méthodes de travail ont considérablement changé au sein des entreprises et vos collaborateurs ont dû se suradapter à ces changements. Si certains se sont bien accommodés du télétravail et se sont avérés autant (ou plus) productifs par exemple, il conviendrait de rester flexible et d’accorder une certaine liberté à vos collaborateurs. Mais cette liberté doit aussi s’exprimer dans la prise d’initiatives et la créativité de vos équipes. Il s’agit donc de ne pas les écraser avec une routine trop stricte ou monotone – bloquant ainsi leurs prises d’initiatives – mais de les consulter, les inviter à stimuler leur curiosité et à booster leur créativité. 

Lorsque vous invitez votre équipe à exploiter et faire valoir leurs talents, vous renforcez leur motivation et générez du sens et de l’enthousiasme.

Aujourd’hui, si le contexte économique, sanitaire et social rend fragile la place de l’enthousiasme en entreprise, il convient de réinvestir le collectif. Afin de fidéliser ses collaborateurs et de fédérer, la notion d’enthousiasme est essentielle. Elle donne du sens aux projets portés par chacun et elle est liée à un besoin de liberté, de flexibilité, voire de prise d’initiatives, de responsabilités et de reconnaissance. Mais avant de s’attarder sur l’enthousiasme de ses collaborateurs, il est nécessaire de se demander si on l’est soi-même. Si c’est le cas, il faudra aussi garder en tête que vos collaborateurs ne sont pas nécessairement sur la même longueur d’ondes que vous et qu’il va peut-être falloir redoubler d’efforts pour stimuler leur enthousiasme.

Bien-sûr, cet entrain s’entretient : qu’il s’agisse du vôtre ou de celui de vos collaborateurs, il faudra toujours veiller à déployer les moyens nécessaires pour stimuler la motivation et le dynamisme des troupes. Et pour cela, la qualité de la communication entre vous et vos équipes est primordiale pour instaurer un lien de confiance et une collaboration durable.

Crédit photo : Pexels

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.