Management, Tendances RH

Le syndrome du bon élève, un handicap en entreprise ?

« Habitué à être félicité, il vise, sous couvert d’excellence, l’approbation constante de sa hiérarchie » (Sophie Péters, « Le syndrome du bon…

7 min

« Habitué à être félicité, il vise, sous couvert d’excellence, l’approbation constante de sa hiérarchie » (Sophie Péters, « Le syndrome du bon élève », Le Monde, 2015)

Dans le monde de l’entreprise, chacun se retrouve loin des repères des bancs de l’école. Les codes changent et ce qui fonctionnait à l’époque n’a plus sa place dans ce nouveau système. Pour certains c’est l’opportunité de sortir de l’ombre mais pour d’autres, c’est tout l’inverse… Dans l’article suivant, découvrez pourquoi le syndrome du bon élève peut devenir un handicap en entreprise.

1) Le salarié bon élève, c’est qui ?

« Assertivité, agilité empathique, intelligence émotionnelle prennent le pas sur l’assiduité, la docilité et la force de travail de « l’enfant-modèle » » (Sophie Péters, « Le syndrome du bon élève », Le Monde, 2015)

À l’école, il y a avait généralement des élèves en tête de classement. Ils recevaient les félicitations du jury au conseil de classe, ils comprenaient toutes les consignes, ils arrivaient préparés pour les examens et on leur garantissait déjà un avenir tout tracé fait de belles réussites et de postes à responsabilités. Ce que nous ne savions pas à l’époque, c’est que leur « statut » fièrement gagné sur les bancs de l’école allait laisser une marque presque indélébile et pesante sur leur avenir professionnel.

À l’école, le bon élève a appris à ne pas faire de vagues !

En se pliant aux consignes, en respectant l’autorité sans broncher et en recherchant l’approbation des adultes, les bons élèves se construisent à travers le regard des autres qui encourage souvent à ne rien faire d’autre que ce que l’on nous dit. Ce comportement a toute sa place dans un univers qui récompense et valorise les enfants obéissants et qui fait parfois un classement des meilleurs élèves. Mais une fois arrivés dans le monde de l’entreprise, la donne change…

En entreprise, la docilité du bon élève devient un handicap !

Le monde de l’entreprise se fiche de savoir qui était premier de la classe, qui est le plus intelligent et qui aura la meilleure note à la fin de l’année… Le monde de l’entreprise veut des collaborateurs proactifs, créatifs qui font certes ce qu’on leur dit mais qui n’hésitent pas à aller plus loin, à prendre des initiatives, à s’imposer quand il le faut, à oser ! Tout ce que le bon élève a appris à réprimer pour se fondre dans le moule qu’on lui avait donné.

Et le bon élève ne comprend pas tout de suite ce qui lui arrive. Pourquoi sa carrière n’avance pas comme sur des roulettes alors qu’il fait tout ce qui est attendu de lui ? Et c’est là que commencent à apparaître les premiers symptômes…

 

 

2) Le syndrome du bon élève représente un risque pour la santé mentale !

Les premières causes d’arrêts de travail de longue durée sont le stress et le burn-out lié aux conditions de travail et à la détresse psychologique (12ème baromètre de l’absentéisme et de l’engagement, Ayming, 2019)

De la simple amertume au burn-out 

Le bon élève se fatigue à la tâche pour plaire mais ce n’est jamais assez. Il accepte toutes les tâches qu’on lui demande de faire parce qu’on lui a appris à ne pas faire de vagues. Il est exigeant avec lui-même parce que c’était grâce à son exigence qu’il avait de bonnes notes ! 

Comme il est docile, il n’évolue pas vite… il croit que la promotion va lui tomber dessus comme si c’était la récompense de ceux qui travaillent bien alors qu’en fait ce n’est pas le cas… Une promotion ou une augmentation, il faut savoir la demander, il faut savoir y aller, il faut savoir se faire remarquer, montrer qu’on a de l’assertivité, qu’on a conscience de sa propre valeur !

Le bon élève se frustre, il en fait plus au lieu d’en faire moins croyant qu’il doit encore prouver qu’il mérite des félicitations, il angoisse de ne pas en faire assez, il se remplit d’amertume parce qu’il ne reçoit pas les éloges dont il s’est tellement nourri dans son enfance… 

Le bon élève s’expose au burn-out. Un jour tout ce qu’il retient explose, il n’a plus de repère parce qu’il est dans l’incompréhension totale, la fatigue mentale le renverse et il doit apprendre à se reconstruire, il doit comprendre les nouveaux codes et s’adapter au monde du travail mais l’impact psychologique est violent.

Deux chiffres clés de l'absentéisme en 2019
Deux chiffres clés de l’absentéisme en 2019. – Source : ayming.fr

 

 

3) Le rôle des RH et de l’entreprise pour prévenir ce syndrome

L’enquête 2019 Great place to work®  révèle que 75% des meilleures entreprises où travailler offrent des formations utiles au développement professionnel

La responsabilité du salarié bon élève

Tout salarié qui souffre du syndrome du bon élève doit faire un travail personnel à un moment de sa vie pour changer ses référentiels de réussite, s’adapter au monde de l’entreprise sans y laisser trop de plumes et consolider sa santé mentale ; mais l’entreprise et le service RH ont également un rôle à jouer pour prévenir ce genre de situation. 

Valoriser la reconnaissance au travail

L’entreprise manque souvent de reconnaissance, c’est un fait que le nouveau management essaie de modifier en s’emparant du bien-être au travail mais ce n’est pas un acquis. On félicite rarement les employés qui font du bon travail puisqu’on considère, à tort, qu’ils ont été recrutés pour ça. Il est donc nécessaire d’intégrer un cadre professionnel qui sache montrer la reconnaissance de l’entreprise envers ses salariés.

 

 

Utiliser les outils du service RH pour prévenir le syndrome du bon élève

L’entreprise a également une obligation légale d’assurer la sécurité de ses salariés en prévenant les risques psycho-sociaux et le service RH dispose d’outils qui permettent aux bons élèves de trouver leur place sans avoir besoin d’en arriver au burn-out.

Il y a par exemple l’entretien annuel qui permet de faire le point sur ce qui va et ce qui ne va pas pour chaque salarié, c’est un espace d’expression sans réprimandes qui ouvre la voie et permet à toute personne victime du syndrome du bon élève de s’exprimer par exemple sur une charge de travail trop conséquente. C’est également l’occasion pour le manager de faire comprendre à ses salariés quand ils en font trop.

L’entretien professionnel, lui, permet de définir un projet professionnel, un projet de carrière, des envies d’évolution. C’est une fois de plus une porte ouverte pour entendre les aspirations de ces salariés bons élèves à qui on a toujours appris à se taire. 

Enfin, l’entreprise a également l’obligation de former ses salariés. C’est un moyen de développer les compétences des salariés pour qu’ils ne se retrouvent pas toujours cantonnés au même poste et qu’ils prennent plus de responsabilités si telle est leur ambition professionnelle et que leur entreprise leur permet d’évoluer.

En prenant conscience du risque psychologique et du handicap professionnel auxquels s’exposent les salariés victimes du syndrome du bon élève, l’entreprise réalise un premier pas dans la bonne direction.

Si cet article vous a plu, je vous invite à télécharger le chapitre de notre livre blanc « La Marque employeur, pour quoi faire ? »  ou à nous contacter directement.

Crédit photo : Unsplash

Donner votre avis

En commentant, vous acceptez notre politique de confidentialité

Il y a 1 commentaire
  • J’ai tellement apprécié le travail fourni dans cet article, cependant,je voudrais bien savoir s’il est juste entant que manager des RH d’élever un employé dans une entreprise pour dire qu’il est le meilleur salarié de l’année ? Je compte sur votre intelligence managériale pour m’éclairer sur ce point merci

    Par Apollos

À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.