Expérience Candidat

Banques : vers une diminution des candidatures de jeunes diplômés

Selon l’enquête Universum 2017, seul 13% des étudiants en fin d’études désignent le secteur de la banque comme l’un de…

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Selon l’enquête Universum 2017, seul 13% des étudiants en fin d’études désignent le secteur de la banque comme l’un de leur secteur favori pour leur premier emploi !

Vous êtes jeune, vous sortez fièrement de votre école le diplôme en poche, et vous arrivez tout frais sur le marché du travail qui vous tend les bras. Comme tous les nouveaux diplômés, vous allez vous poser cette question élémentaire : dans quelle entreprise ai-je envie de travailler ? Pour beaucoup de personnes de la dernière génération arrivant actuellement dans le monde du travail, la réponse à cette question semble être de moins en moins le nom d’une banque. Peu adulées dans le cœur des jeunes de notre époque lorsqu’ils en sont les clients, la tendance semble être la même de l’autre côté du guichet : les banques peinent à attirer et fidéliser les jeunes diplômés.

Qu’en est-il réellement et comment les banques tentent de séduire cette nouvelle génération ? Dans cet article, retour sur les difficultés de recrutement que peuvent rencontrer les banques à la recherche de jeunes profils !

 Un secteur moyennement attractif dans la tête des étudiants

Aucune banque n’apparaît dans le top 10 des employeurs les plus désirés par les étudiants pour l’année 2017 !

La banque loin derrière le secteur du luxe et des nouvelles technologies

Dans un premier temps, il est bon de rentrer un peu plus dans le détail pour pouvoir correctement apprécier le phénomène. Plusieurs ressources sont disponibles pour chercher des réponses, et notamment l’enquête la plus connue en termes de marque employeur : celle de l’institut Universum. La dernière en date (2017) permet déjà de relativiser concernant l’attractivité des banques pour les jeunes diplômés. En effet, même si aucune banque n’est présente dans le top 10 des employeurs les plus attractifs dans la catégorie Business/Commerce pour les jeunes français, certaines restent néanmoins dans le top 50 : Goldman Sachs en 11ème place, BNP et HSBC respectivement aux 24ème et 25ème places, et la Société Générale en 34ème position. On note également la Banque de France qui parvient à se hisser à la 55ème place. Pourtant, beaucoup de géants manquent à l’appel, comme les banques du groupe Crédit Agricole (LCL, etc.), mais aussi celles du groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d’Epargne, etc.), la Banque Postale, et bien d’autres.

On comprendra donc que même si certaines banques parviennent à se rendre attrayantes auprès des jeunes, ces derniers se montrent bien plus intéressés par les entreprises du marché du luxe et de l’esthétique (LVMH, Chanel, L’Oréal Groupe, etc.), et par les deux grands géants du high-tech, Google et Apple. Lorsque l’on pose la question directement aux étudiants sur le secteur qui les attire le plus, la banque arrive seulement en 6ème position.

Pourquoi les jeunes désertent les banques ?

Selon une enquête Les Echos Start 2017, 80% des 18-30 ans sont convaincus d’avoir une conception nouvelle du travail par rapport à leurs parents !

Le secteur bancaire souffre d’une image négative auprès des jeunes

Il est difficile de répondre catégoriquement à cette question : les raisons sont souvent multiples. Premièrement, il faut déjà comprendre que les caractéristiques de la nouvelle génération forcent les entreprises à changer leurs fonctionnements, du mode de management à l’environnement de travail, en passant par la qualité de la vie professionnelle. Beaucoup de mythes et d’idées reçues circulent sur la génération Y, néanmoins plusieurs affirmations semblent être vérifiées au travers d’enquêtes récentes :

  • Une envie profonde d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle : Les Echos, ou l’enquête Universum confirment que cette préoccupation est première chez les 18-30 ans. Le travail reste une valeur importante, mais n’est plus l’élément central de la vie des jeunes. Les loisirs et la vie personnelle sont des aspects qui prennent tout autant de place. Concrètement, cela se traduit par un refus des heures supplémentaires subies, ou non-payées, et un droit de déconnexion à ne pas bafouer.
  • Une préférence pour des modes d’organisations plus simples et responsabilisant : Les jeunes fuient les hiérarchies trop rigides, ainsi que le contrôle et la vérification systématique du travail. Ils préfèrent généralement qu’on leur accorde davantage d’autonomie, et qu’on les évalue au résultat.
  • Un attachement moindre à l’entreprise ou à l’employeur : Selon une enquête CEB Report, 60% des baby-boomers envisagent de rester dans la même entreprise tout au long de leur vie active, contre seulement 20% de la génération Y. Autre fait intéressant : la majorité des 18-34 ans affirment avoir envie de créer leur entreprise, selon une enquête OpinionWay. Les jeunes sont beaucoup plus mobiles, et n’hésitent pas à changer souvent d’entreprise. Il est donc normal, indépendamment de tout contexte de travail, d’observer une augmentation du turn-over pour cette tranche d’âge. En revanche, il devient problématique lorsque les expériences n’arrivent pas à dépasser 1 an, voire 2.
  • Un travail comme source d’épanouissement : Le contrat social entre les jeunes et l’entreprise n’est plus le même que pour leurs parents. Si le travail était auparavant vu comme un moyen d’assurer une sécurité matérielle pour son foyer, la nouvelle génération le voit davantage comme un moyen de se réaliser, de s’épanouir. Ainsi, il devient primordial pour eux de trouver du sens et une utilité concrète à leurs tâches professionnelles, sans quoi le sentiment de lassitude arrive vite, et les poussent à partir.

Si ces affirmations sont valables pour une majeure partie de la génération des 18-30 ans, elles concernent néanmoins tous les secteurs d’activité. Dans ce cas, pourquoi la banque semble-t-elle rencontrer davantage de difficultés avec les jeunes que les autres filières ?

Le cabinet Deloitte s’est posé la question en 2015, et a mené une enquête mondiale sur le sujet. Sur 30 pays interrogés, la France arrive 24ème dans l’attractivité qu’elle attribue au secteur bancaire. La popularité du secteur s’est particulièrement dégradée après la crise de 2008, et n’est pas remontée depuis. Lorsque l’on interroge les étudiants pouvant possiblement travailler dans la banque après leurs études sur leurs souhaits en termes de travail, on retrouve certaines caractéristiques de la génération Y : la volonté d’un travail intellectuellement stimulant, d’un haut niveau de responsabilité, ou encore d’un équilibre vie pro/vie perso. Or, la banque est vue par les étudiants comme un lieu assez conservateur : l’innovation, la créativité ou encore l’entreprenariat y sont peu développés, même si le secteur garde un certain prestige.

Que font les banques qui réussissent à embaucher des jeunes ?

En 2017, la Société Générale a prévu de proposer au total plus de 2100 CDI, dont la majorité est ouverte aux jeunes diplômés. Parmi eux, beaucoup de postes de commerciaux, dont les candidats manquent cruellement à l’appel !

Programmes spécifiques dédiés aux jeunes diplômés et cap sur l’international

Comme mentionné précédemment, plusieurs banques arrivent pourtant à sortir du lot. Certaines prennent les devants et proposent des stages particulièrement attractifs. BNP Paribas, par exemple, propose un programme international avec des missions diversifiées pour ses stagiaires. La Société Générale, quant à elle, propose tout un programme pour les juniors en 4 temps : des stages attractifs, aux missions variées, et qui peuvent s’effectuer à l’étranger dans un choix large de pays ; des « summer internships », qui consistent en une université d’été sur une dizaine de semaines accessibles aux meilleurs étudiants, et qui leur permet d’approfondir considérablement leurs compétences ; de nombreuses opportunités de volontariat en entreprise, et un investissement conséquent sur les contrats d’alternance.

En somme, la stratégie utilisée est de diversifier aux maximum les modalités de rentrée dans l’entreprise. En plus de ces possibilités, la Société Générale met en place un autre programme d’accompagnement, appelé GeneratioNext : tous les stagiaires / VIE et alternants en bénéficient. Pendant leur expérience au sein de la banque, ceux-ci ont accès à des conseils de carrières spécialement conçus pour eux, des conférences internes sur divers sujets ainsi que des présentations métiers, des événements d’intégration, ou encore un réseau social dédié.

Même si le déficit d’attractivité des banques semble s’inscrire dans les problématiques plus généralement liées à la transition générationnelle en entreprise, le secteur doit engager une mutation profonde, en apportant de la modernité dans la gestion de ses ressources humaines. L’introduction du digital semble être une bonne piste pour casser l’image rigide généralement véhiculée par ces institutions, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour en modifier réellement les modes d’organisations !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.