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Les robots intelligents vont-ils faire disparaître le métier de recruteur ?

Dans une interview accordée au site FocusRH.com, David Bernard, CEO et Chief Creative Officer d’AssessFirst, estime que 80% des recruteurs…

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Dans une interview accordée au site FocusRH.com, David Bernard, CEO et Chief Creative Officer d’AssessFirst, estime que 80% des recruteurs vont disparaître d’ici 5 ans !

Certaines entreprises reçoivent chaque semaine des centaines voire des milliers de candidatures. Traiter individuellement chaque demande relève de l’impossible, excepté pour les sociétés disposant d’une armée de recruteurs exclusivement dédiés à cette tâche !

Pour réceptionner, filtrer et traiter un volume important de candidatures, la majorité des grandes entreprises utilisent un logiciel de recrutement, ou ATS pour Applicant Tracking System. Ces robots intelligents dédiés au recrutement séduisent également les PME françaises, qui sont plus de 40% à avoir opté pour la « robotisation » du tri de CVs !

Comment les entreprises françaises utilisent-elles ces robots intelligents ? Quel est l’impact de la robotisation sur le secteur RH et en particulier sur le métier de recruteur ?

Dans cet article, une explication du phénomène des robots recruteurs, nouveaux décisionnaires du recrutement en entreprise !

Les robots intelligents investissent peu à peu tous les pans de l’économie française

« Nous approchons du moment où les machines pourront surpasser les humains dans presque toutes les tâches. », Moshe Vardi, Directeur de l’Institute for Information Technology à l’Université Rice au Texas – Article bfmbusiness.bfmtv.com

Les robots menaceront des dizaines de millions d’emplois au cours des 30 prochaines années

Le développement de la robotique cristallise, depuis déjà plusieurs années, une peur de voir les machines remplacer purement et simplement le travail humain en entreprise. Avec plusieurs millions de demandeurs d’emploi, la France n’échappe pas au climat général qui pousse les travailleurs à se méfier de l’arrivée des robots, dans les usines mais également dans les open-spaces. Face à ce bouleversement organisationnel du travail, nombreux sont les experts à plaider pour une transformation de l’emploi, un accompagnement de l’arrivée des robots afin que ces changements soient l’occasion de créer de nouvelles formes de travail, et pas uniquement synonymes de mise au repos forcé pour les salariés.

Tous les secteurs de l’économie sont impactés, plus ou moins fortement, par la robotisation de leur activité. On ne compte plus les exemples dans l’industrie automobile ou encore aéronautique, qui voient fleurir des chaînes complètes de montages gérées par des robots intelligents et autonomes, fonctionnant déjà sans intervention humaine. Le secteur de la grande distribution n’est pas non plus épargné. En effet, les grandes et moyennes surfaces s’équipent de plus en plus de caisses automatiques remplaçant peu à peu les salariés du secteur. D’autres branches, comme celle de la médecine, essaient de tirer profit de l’arrivée des robots qui constituent pour certains experts une réelle avancée technologique. En effet, selon Bruno Bonnell, PDG de Robopolis, dans une interview accordée à Manpower Group, « Les robots comme Watson sont meilleurs en diagnostic qu’un collège de médecins. Cela veut-il dire pour autant que les médecins vont disparaître ? Non. Mais leur métier va se transformer. Il ne va plus consister à enregistrer des paramètres mais à piloter le robot et accompagner le patient. Il ne faut pas mélanger intelligence de déduction et intelligence émotionnelle. Les robots vont rester des singes savants. »

Ainsi, les progrès de l’intelligence artificielle vont permettre la construction de robots en capacité d’exécuter la quasi-intégralité des tâches réalisées auparavant par des humains.  Ces avancées technologiques ne peuvent être stoppées, la meilleure des solutions est donc de les accompagner.

Selon Moshe Vardi, Directeur de l’Institute for Information Technology à l’Université Rice au Texas, « la question est de savoir si l’économie mondiale peut s’adapter à un taux de chômage de plus de 50%, aucune profession n’est à l’abri. »

Auparavant réservés aux usines et autres sites de productions industriels, les robots intelligents font peu à peu leur apparition dans le secteur tertiaire. Ainsi, les robots dernière génération sont capables de raisonner, de réfléchir et de prendre des décisions en totale autonomie grâce à des paramétrages précis. Qu’en est-il du secteur du tertiaire et plus particulièrement des RH ? Les robots sont-ils en train de remplacer les recruteurs ?

Le secteur RH face à l’arrivée des machines intelligentes : entre crainte et curiosité

« Dans les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, les robots lisent les CVs et sélectionnent ceux qui sont en phase avec les compétences recherchées. C’est donc en amont de l’entretien que les robots interviennent pour laisser place à l’homme évaluant alors les paramètres « sensibles » pour décider quand et où il affectera tel ou tel candidat. », Jean-Baptiste Audrerie, Psychologue organisationnel et Directeur marketing de SPB – Article manpowergroup.fr

95% des grosses entreprises et 50% des PME sont déjà équipées de robots qui filtrent les CVs et les candidatures

Dans le secteur RH, les robots font également leur apparition et bouleversent le métier en profondeur. En matière de recrutement, la majorité des entreprises françaises ont déjà recours à des logiciels de recrutement, ou ATS, qui gèrent la réception, le stockage, l’analyse et le tri des CVs reçus. Préalablement paramétrés pour rechercher des mots-clés sur les CVs, les logiciels de recrutement modernes sont en mesure de lire, de comprendre les CVs et de les mettre en adéquation avec des compétences recherchées pour un poste précis. Comment cela fonctionnait-il avant ? Les recruteurs connaissent bien la fonction Ctrl+F, célèbre fonction recherche sur Word, qui permettait de vérifier si le candidat présentait les compétences recherchées, maîtrisait les logiciels demandés, parlait les langues exigées ou était passé par les entreprises concurrentes. Aujourd’hui, nul besoin de chercher manuellement et individuellement dans chaque CV s’il correspond effectivement à un besoin de recrutement. Il suffit de paramétrer correctement le logiciel, qui réalisera les recherches en autonomie et dressera un bilan précis des CVs correspondant aux requêtes formulées. Ainsi, toute l’étape précédant l’entretien de recrutement peut être intégralement réalisée par un robot recruteur, symbolisé par ces nouveaux logiciels de recrutement.

L’idée est de déléguer les tâches inhérentes au sourcing et tri des CVs aux logiciels de recrutement afin que les recruteurs puissent se concentrer sur d’autres missions, plus stratégiques et présentant une valeur ajoutée différente que celle proposée par le sourcing et le screening de CVs.

Ainsi, ces robots déjà en place ne menacent pas directement le métier de recruteur mais impliquent une certaine adaptation de ce dernier aux nouveaux modes de recrutement. Plusieurs spécialistes s’accordent à dire que les robots intelligents et les recruteurs sont complémentaires et qu’une bonne division des tâches permettrait une réelle optimisation du recrutement.

Les robots recruteurs incitent les professionnels du recrutement à développer de nouvelles compétences, allant au-delà du tri de CV ou de la réception de documents administratifs. On assiste déjà à une transformation du métier de sourceur, spécialiste de la recherche de CVs et du sourcing d’une manière générale, qui voit son métier totalement se digitaliser et s’informatiser. Ces sourceurs, utilisent les logiciels de recrutement qui, in fine, pourront prendre leurs places si aucune formation ou adaptation ne sont enclenchées. L’employabilité des sourceurs dépendra donc de leur capacité à proposer quelque chose de nouveau, s’appuyant sur les technologies modernes de sourcing apportées par ces logiciels de recrutement.

Les logiciels de recrutement peuvent aider le recruteur à faire le tri parmi une multitude de CVs possédant les compétences requises. Néanmoins, le recrutement ne s’arrête pas uniquement à des mots-clés figurant sur un CV. En effet, pouvoir échanger avec le candidat, analyser sa personnalité, son attitude et son savoir-être sont des éléments essentiels d’une validation de profil. Les logiciels de recrutement ne sont pas encore capables de remplacer l’avis et le ressenti d’un bon recruteur. Ces outils, déjà très avancés dans leur développement, permettent de faciliter drastiquement les tâches de sourcing et de gestion de candidatures mais ne sont pas en mesure d’évaluer la personnalité d’un candidat.

Certaines entreprises, à l’image de Werecruit.io proposent de recruter des candidats sans CV conférant ainsi une grande importance à la personnalité du candidat et à l’évaluation du recruteur. Néanmoins, cette tendance de recrutement sans CV est encore assez peu développée et les recruteurs continuent majoritairement à se baser sur un CV pour décider de rencontrer ou non un candidat. Dans cette optique, les logiciels de recrutement capables de trier des milliers de candidatures ont encore de beaux jours devant eux !

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À propos de l'auteur

Dalale Belhout

Directrice au sein de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), Dalale dirige le Club des entreprises socialement engagées de Seine-Saint-Denis et sensibilise acteurs privés et publics aux enjeux de recrutement inclusif et de diversité en entreprise. Ancienne Head of Content chez DigitalRecruiters, elle est aujourd'hui ambassadrice du Lab'DR, une communauté d'experts qui partage réflexions et bonnes pratiques sur le blog. Dalale est par ailleurs co-auteur de plusieurs ouvrages dédiés au digital appliqué aux RH, à la marque employeur et au recrutement responsable et éthique, sujets sur lesquels elle intervient régulièrement en tant que conférencière.